Greenpeace Japon vient de rendre public un trafic de viande de baleine sur le marché japonais. En interceptant des soi-disant « bagages personnels » de l’équipage du Nishin Maru, le navire-amiral de la flotille japonaise, l’ONG y a découvert 23 kg de viande d’une valeur de 3000 dollars découpée dans les meilleurs morceaux.


Junichi Sato, coordinateur de la campagne Baleines à Greenpeace Japon, présente le contenu volé par les membres de l’équipage du baleinier Nisshin Maru. ©Greenpeace/Toyoda

Quatre mois d’investigation ont permis
d’intercepter ce colis et ainsi de prouver l’existence d’un marché
noir organisé. Une partie d’entre eux arrondissaient leurs fins de
mois en débarquant des centaines de kilogrammes de viande dans
leurs bagages personnels et alimentaient ainsi le marché noir à
destination des restaurants japonais. Selon nos informations, 97
colis seraient ainsi entrés clandestinement sur le marché cette
année.

«Depuis quand fonctionnait ce trafic?, s’interroge Junichi Sato,
coordinateur de la campagne Baleines au Japon. En tous cas, il
porte sur des volumes tels que ni l’armateur, ni les agents de
l’Institut de Recherche sur les Cétacés présents à bord ne
pouvaient ignorer ces agissements. Ils ont fermé les yeux sur ces
graves dysfonctionnements qui relèvent purement et simplement de la
corruption.»

Greenpeace a demandé à la justice japonaise de mettre sous
séquestre le lot saisi et a rédigé une plainte dont la recevabilité
est en cours d’examen par les instances judiciaires. Au niveau des
autorités, on ne nie pas la situation mais tout est fait pour la
banaliser. Selon certains officiels, il s’agirait de «cadeaux»
relevant d’une tradition (qui s’assimilerait à la godaille dans les
pêcheries européennes) et cette viande serait destinée à la
consommation familiale des marins. Or les investigations de
Greenpeace menées auprès de certains restaurants ont permis
d’établir qu’ils attendaient une livraison imminente de viande de
baleine.

Ce trafic pose de nombreuses questions, en particulier les
aspects sanitaires. Certains cartons contenaient de la viande issue
d’une baleine porteuse de tumeurs importantes. Cette viande
illégale, échappant par définition à tout contrôle vétérinaire,
pourrait rapidement poser un problème de santé publique au
Japon.

Alors que dans un mois se posera la question de l’arrêt de la
chasse dite scientifique lors de l’assemblée générale de la
Commission Baleinière Internationale, ce scandale montre une fois
de plus que l’argument scientifique avancé par les Japonais n’est
qu’un prétexte destiné à couvrir une filière commerciale et un
marché noir n’ayant rien à voir avec la recherche scientifique.

Depuis 1986, un moratoire international est en vigueur sur la
chasse à la baleine à des fins commerciales. Le Japon, de son côté,
continue de chasser la baleine affirmant qu’il le fait à des fins
scientifiques.

Greenpeace demande l’arrêt du programme de chasse japonais dans
le sanctuaire antarctique. L’hiver dernier, l’Esperanza, le navire
amiral de l’ONG, a considérablement gêné la flottille de chasse. Ce
qui, de l’aveu même des autorités japonaises, a fortement contribué
au fait qu’elle n’a pas atteint le quota de baleines qu’elle
s’était auto-attribué.

Décharger le rapport
« Japan’s stolen whale meat scandal » (PDF) en anglais

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pour demander au Japon d’arrêter la chasse baleinière

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