Mercredi dans l’après-midi, la Commission européenne a déclenché le système d’alerte européen sur les risques radioactifs après un incident survenu dans la centrale nucléaire de Krsko, en Slovénie. Sans avoir encore le fin mot sur la situation exacte du réacteur et la gestion de l’incident, il paraît important de préciser au moins trois éléments.


Centrale nucléaire de Krsko en Slovénie.

D’abord, une telle alerte montre bien que le
nucléaire ne constitue pas une énergie comme les autres.
Contrairement aux autres modes de production d’électricité, le
nucléaire implique des risques extrêmement élevés. «Ceux qui, comme
Nicolas Sarkozy ou Silvio Berlusconi, prévoient aujourd’hui de
construire davantage de réacteurs nucléaires doivent suivre cet
avertissement et rejeter cette technologie, déclare Frédéric
Marillier, de la campagne Énergie de Greenpeace. L’incident de
Krsko est une preuve de plus de la menace que toutes les
installations nucléaires d’Europe posent pour sa population, son
environnement. Qu’attendons-nous pour rejeter cette technologie
inutile, très risquée et très chère? Qu’attendons-nous pour
investir dans une politique ambitieuse d’efficacité énergétique et
dans les renouvelables, qui répondent à la fois aux enjeux de lutte
contre les changements climatiques, d’indépendance énergétique et
de maintien du pouvoir d’achat?»

Ensuite, le réacteur Krsko est un réacteur de type PWR
(pressurized water reactor), c’est-à-dire un réacteur à eau
pressurisée, d’une puissance de 700MW, entré en service en 1981 et
construit par Westinghouse, le géant du nucléaire américain. Il
s’agit exactement du même type de réacteur que les modèles
occidentaux, en particulier tous les réacteurs du parc français –
l’EPR lui-même est de ce type. «Pas question de minimiser
l’incident de Krsko sous le prétexte qu’il s’agirait d’un vieux
réacteur conçu dans les pays de l’Est, avertit Frédéric Marillier.
Ce type d’incident n’a rien d’exceptionnel et peut tout à fait
arriver chez nous.»

Enfin, une fuite au niveau du circuit de refroidissement
primaire constitue l’incident le plus grave qui puisse arriver sur
un réacteur. Selon l’importance de la fuite, il est possible de
perdre le contrôle du réacteur qui surchauffe, voire entre en
fusion, ce qui entraîne ensuite un rejet important de
radioactivité. «Un tel scénario s’est déjà produit en mars 1979,
sur la centrale américain de Three Miles Island, avec une fuite du
circuit primaire engendrant la fusion du cœur du réacteur. A cette
époque, la catastrophe a été évitée de justesse, rappelle Frédéric
Marillier. L’incident slovène devrait faire réfléchir les
États-Unis qui semblent avoir l’intention de relancer la
construction de nouvelles centrales…»

Où en est-on en Slovénie? Le réacteur a été arrêté afin
d’abaisser la pression. «Mais cela n’est pas suffisant, précise
Frédéric Marillier. Un réacteur ne s’éteint pas comme ça, il faut
continuer à le refroidir. Or c’est tout le problème, puisque c’est
précisément le système de refroidissement qui est défaillant.»
D’après la Commission européenne et les autorités slovènes, la
situation semble être «sous contrôle» et il n’y aurait pour
l’instant aucun rejet radioactif dans l’environnement. Pour en
avoir le cœur net, Greenpeace a dépêché une équipe sur place qui va
notamment effectuer des mesures de radioactivité.

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