Alors que l’industrie tente de minimiser l’événement, Greenpeace fait la lumière sur la gravité du rejet d’uranium, qui s’est produit sur l’installation de la société Socatri, gérée par Areva et implantée sur le site français de Pierrelatte.


Cet accident illustre clairement les risques de la technologie nucléaire. ©Greenpeace (Archives)

Le 7 juillet, à 23h, une fuite de 30’000 litres
de liquide radioactif se produit dans le département de la Drôme.
La concentration est de 12 g d’uranium par litre, soit 6’000 fois
la limite réglementaire. Le matin du 8 juillet, l’exploitant alerte
l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), mais ce n’est que vers midi
qu’il prend conscience de la gravité de l’accident et que la
préfecture prend des mesures. Lenteur, manque de transparence,
faible réactivité; pendant 14h, aucune restriction n’a été mise en
place pour protéger les populations.

Sur l’échelle Ines des incidents et accidents nucléaires allant
de 0 à 7, l’exploitant a déclaré l’accident de niveau 1, comme une
simple «anomalie». «Les responsables du site tentent de minimiser
les choses. Si on suit cette échelle Ines, dès qu’il y a rejet dans
l’environnement, un accident doit au moins être classé de niveau 3»
commente Yannick Rousselet de la campagne Energie de Greenpeace.
«Et si l’on considère les contre-mesures prises par la préfecture
(interdiction de la pêche, de la consommation d’eau potable, de
l’irrigation, des activités nautiques), l’incident grave survenu à
Tricastin devrait même être classé de niveau 5, c’est-à-dire « un
accident qui provoque un rejet limité susceptible d’exiger
l’application partielle des contre-mesures prévues ».»

L’accident illustre clairement les risques de la technologie
nucléaire. De plus, il met en évidence l’incapacité de l’opérateur
français Areva à manipuler des substances radioactives. Areva
entretient, via la centrale nucléaire de Gösgen, une liason étroite
avec l’opérateur nucléaire suisse Atel qui a déposé une demande
d’autorisation générale en juin dans le but de construire une
nouvelle centrale nucléaire. Les recherches de Greenpeace Suisse
ont montré que si l’on construisait une nouvelle centrale nucléaire
en Suisse, il s’agirait selon toute vraisemblance d’un réacteur EPR
(European Pressurized Reactor) bâti, financé et exploité par Areva
et EDF.

L’actuelle tentative d’Areva de construire deux prototypes d’EPR
est un fiasco. Le chantier finlandais d’Olkiluoto, entamé en 2005,
affiche un dépassement budgétaire dépassant 2 milliards d’euros
(pour un prix initial de 3,3 milliards) et ne sera terminé qu’avec
deux ans de retard au moins. Quant à l’EPR de Flamanville (France),
il a déjà pris du retard, les travaux ayant été stoppés pendant
plus d’un mois sur ordre de l’Autorité de sûreté nucléaire, suite à
de nombreuses anomalies et malfaçons.