Confirmant ce que demande Greenpeace depuis plusieurs années, un comité d’experts indépendants mandaté par l’ICCAT (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique) pour évaluer la gestion de la pêcherie du thon rouge de Méditerranée, recommande la fermeture immédiate de cette pêche.


Dans la soute d’un bateau philippin qui vient de pêcher du thon, espèce en voie d’extinction, deux militants Greenpeace brandissent une pancarte où l’on peut lire: «Poisson volé – futur volé». Greenpeace réclame la création d’une réserve marine dans les îles du Pacifique. ©Greenpeace/Hilton (Archives)

Dans leurs conclusions rendues publiques cette
semaine par l’ICCAT, ces experts ont qualifié de «honte
internationale» la gestion de la pêcherie. Le comité demande «la
suspension de la pêche au thon rouge dans l’Atlantique et en
Méditerranée jusqu’à ce que les pays se mettent en conformité avec
les recommandations de l’ICCAT». Pour les experts, une telle
fermeture est reconnue comme étant «le seul moyen de mettre un
terme à ce que les observateurs et les Etats contractants
reconnaissent comme étant une parodie de gestion».

Cette gestion, poursuivent les experts, «est inacceptable et
incompatible avec les objectifs de l’ICCAT, notamment avec le fait
que les stocks ne doivent pas diminuer au point de s’épuiser». En
plus de la fermeture immédiate de la pêcherie, le comité d’experts
recommande également la protection de toutes les frayères, au moins
lors des périodes de reproduction.

Toutes ces recommandations correspondent à ce que demande
Greenpeace, à savoir un moratoire de 3 à 5 ans sur la pêche au thon
rouge et la création de réserves marines où toute pêche serait
interdite pour protéger les nurseries de Méditerranée
indispensables à la régénération des stocks. Parmi les
préconisations des experts figurent également la définition de
tailles minimales de prise de certaines espèces, la diminution de
la capacité des navires de pêche et des fermes d’engraissement mais
aussi la fin de la pêche pirate.

Le comité d’experts attribue l’échec de la gestion de l’ICCAT
principalement à ses Etats membres coupables de carences dans
l’application des réglementations existantes. Mais, selon eux,
l’attribution par l’ICCAT d’un quota de 28’500 tonnes à l’ensemble
de ses membres – soit le double des préconisations des
scientifiques – est, elle aussi, en cause.

«Les ministres des Pêches ont échoué à protéger certaines
espèces, dénonce Stéphan Beaucher, responsable de la campagne
Océans de Greenpeace. Ce rapport est le signe qu’il est temps pour
les membres de l’ICCAT de prendre leurs responsabilités et de
sauver cette pêcherie qu’ils ont menée dans l’impasse. Ce qui est à
déplorer à l’ICCAT peut être étendu à l’ensemble des instances
chargées de la gestion des pêcheries. Nous sommes confrontés à une
crise globale de gouvernance».

En novembre, les membres de l’ICCAT se réuniront pour décider du
prochain plan de gestion du thon rouge. Greenpeace demande qu’ils
suivent les recommandations des experts et ferment la pêche jusqu’à
la régénération des stocks. «Sans cela, l’ICCAT continuera
d’échouer dans son rôle et ne servira que les intérêts à courts
terme d’une industrie condamnée à mourir du fait de l’épuisement
des stocks», ajoute Stéphan Beaucher.