Les mesures envisagées aujourd’hui par la Commission européenne pour lutter contre la déforestation ne constituent pas une réponse à la hauteur de l’urgence climatique et de la crise que subit la biodiversité mondiale. Si le but de l’Union européenne (UE) est réellement de protéger les forêts pour lutter contre les changements climatiques, le Parlement et le Conseil européen devront nécessairement faire preuve de bien plus d’ambition pour réduire la déforestation qui est responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.


Déforestation dans la région de Novo Progresso de l’Etat du Para en Amazonie brésilienne ©Greenpeace/César

La Commission européenne vient de présenter le
«Paquet forêt» qui comprend:

  • une proposition de réglementation européenne sur le bois dont
    l’ambition est de lutter contre le commerce illégal de bois, un des
    moteurs de la déforestation.
  • une communication sur les mesures européennes visant à limiter
    la déforestation et son impact sur les changements climatiques et
    la biodiversité.

«Le Paquet forêt présenté par la Commission
européenne, contrairement à ses ambitions initiales, ne permet pas
de lutter contre les changements climatiques et d’enrayer
l’extinction des espèces. Rien ne permettra d’interdire l’entrée du
bois illégal en Europe ni de contribuer de manière efficace à la
protection des forêts. Il est donc de la responsabilité du
Parlement et du Conseil européen de se montrer exigeants et
exemplaires afin que l’Europe se donne effectivement les moyens de
lutter contre la déforestation, affirme Grégoire Lejonc, chargé de
campagne Forêts à Greenpeace France. Le prix de l’inaction en
matière de déforestation coûte à l’économie mondiale entre 2000 et
5000 milliards d’euros par an, soit plus que les pertes accusées
par Wall Street depuis le début de la crise financière actuelle»,
rappelle-t-il.

Face aux faiblesses et aux lacunes de la
proposition de réglementation sur le bois, le Parlement européen et
le Conseil européen – les deux instances qui ont maintenant le
pouvoir d’amender le texte –  doivent donc s’assurer que la future
réglementation:

  • Impose aux opérateurs du secteur de prouver la légalité du bois
    qu’ils mettent sur le marché européen.
  • Impose la mise en place d’un système de traçabilité complet
    afin que le bois vendu dans l’UE respecte des critères de
    production stricts d’un point de vue environnemental et
    social.
  • Mette en place des structures chargées de détecter les
    infractions, d’enquêter et de poursuivre les contrevenants à la
    future réglementation.

La Commission préconise aussi la création d’un
fonds multilatéral pour la protection des forêts sous l’égide de la
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
(CCNUCC). Mais tout en estimant que 20 milliards d’euros sont
nécessaires pour diminuer de moitié la déforestation en 2020, son
schéma de financement n’inclut qu’une fraction du montant requis.
«L’Union européenne doit mobiliser plus de ressources financières
et mener les négociations climatiques mondiales en proposant la
création d’un fonds global pour la protection de la forêt basé sur
un mécanisme de financement permanent», conclut Grégoire
Lejonc.

En tant que présidente du Conseil européen, la
France emmènera la délégation européenne aux négociations
climatiques à Poznan en décembre prochain. «La Commission
européenne a exprimé son scepticisme vis-à-vis de l’inclusion des
forêts dans le marché carbone et il faut absolument que la France
porte haut et fort ces recommandations au niveau international»,
précise Grégoire Lejonc. «Le gouvernement français a fait de la
lutte contre les changements climatiques et de la lutte contre la
déforestation une priorité. L’heure des déclarations politiques est
passée, la France va maintenant être jugée sur ses positions et
cela commence dès lundi prochain au Conseil européen des ministres
de l’environnement».