La fertilité de souris nourries avec une variété de maïs transgénique (génétiquement modifié, GM) développée par la transnationale étasunienne Monsanto s’est détériorée de façon significative. C’est ce que montre une étude publiée aujourd’hui à Vienne par le Ministère autrichien de la Santé.


10.03.2005 (Bruxelles/Belgique) Des militants Greenpeace protestent devant le bâtiment du Conseil des ministres de l’Union européenne contre la commercialisation d’un maïs transgénique. ©Greenpeace/Mildt

Contrairement à d’autres souris nourries au
maïs conventionnel, celles nourries avec du maïs GM ont donné
naissance à des souriceaux moins nombreux et plus faibles. Le maïs
génétiquement modifié NK603xMON810 est déjà commercialisé dans
l’Union Européenne (UE) et devrait l’être également en Suisse.
Greenpeace exige un arrêt immédiat des autorisations de mise en
circulation des plantes génétiquement modifiées en Suisse et dans
l’UE.

«Aujourd’hui, le débat sur les aliments GM atteint une dimension
nouvelle et effrayante. Ce qui arrive à des animaux pourrait aussi
toucher des humains. Imaginons que des couples doivent renoncer à
leur désir d’enfant parce qu’ils ont été rendus stériles par
l’ingestion d’aliments GM», prévient Marianne Künzle, chargée de la
campagne génie génétique chez Greenpeace Suisse. Selon elle, «il
faut en outre se demander si les fabricants de ce maïs GM
connaissaient le danger inhérent à ce produit, et comment ce maïs a
pu être autorisé dans l’UE».

L’étude «Biological effects of transgenic maize NK603xMON810 fed
in long term reproduction studies in mice», effectuée par
l’Université de médecine vétérinaire de Vienne sur mandat du
Ministère de la Santé, a été présentée lors d’un colloque dans
cette même ville. Cette étude consiste en un essai d’alimentation
pour souris d’une durée de 20 semaines avec du maïs génétiquement
modifié NK603xMON810 selon la méthode RACB (Reproductive Assessment
by Continuous Breeding). Elle permet d’observer des parents
reproducteurs sur plusieurs portées. Après la troisième portée
déjà, ils mettent au monde des souriceaux significativement plus
petits et moins nombreux que ceux du groupe témoin nourri avec du
maïs conventionnel. Cette étude est une des toutes premières études
sur le long terme menée sur des plantes transgéniques.

Le maïs génétiquement modifié NK603xMON810 de Monsanto est un
croisement de deux caractéristiques génétiquement modifiées. La
plante doit d’une part résister à un herbicide et d’autre part
produire un insecticide. L’Autorité européenne de sécurité des
aliments (European Food Safety Authority, EFSA) a donné son feu
vert en 2005 pour la mise en circulation de ce maïs GM comme
aliment et comme fourrage. A l’époque, l’EFSA avait conclu qu’il
était improbable que le maïs NK603xMON810 influe négativement sur
la santé humaine et animale.

«Que l’EFSA ne tienne compte que des données fournies par les
fabricants et n’effectue pas elle-même d’études à long terme lors
des évaluations d’aliments génétiquement modifiés, est d’une
négligence crasse et provoque des erreurs fatales. En Suisse
également, les autorités ne font pas d’études à long terme au
moment des procédures d’autorisation. L’Office fédéral de la santé
publique (OFSP) doit absolument agir et supprimer l’autorisation de
commercialiser toutes les plantes GM déjà autorisées en Suisse. Il
ne doit y avoir aucune tergiversation en ce qui concerne la
sécurité de notre alimentation», estime Marianne Künzle.

Aujourd’hui, Greenpeace a demandé à l’OFSP de prendre position.
Greenpeace attend des autorités suisses qu’elles annulent
immédiatement les autorisations accordées pour des plantes
génétiquement modifiées et qu’elles n’en accordent pas de
nouvelles, de façon à protéger la santé de la population et des
animaux.