C’est mercredi que le Conseil fédéral va débattre de la révision de la loi sur le CO2. L’Alliance pour une politique climatique responsable exige que le fondement de la loi révisée soit la justice vis-à-vis des pays et des hommes de l’hémisphère sud. Il faut remédier au risque de voir la planète se réchauffer à un rythme accéléré moyennant une ambitieuse réduction des émissions dans les pays industrialisés.


Il faut remédier au risque de voir la planète se réchauffer à un rythme accéléré. ©Greenpeace/Meyers (Archives)

A cette fin, l’Alliance pour une politique
climatique responsable présente un document répertoriant diverses
exigences. L’impératif tient en l’occurrence en ces termes: la
hausse mondiale de la température doit rester inférieure à 2 degrés
Celsius. Cela signifie notamment une réduction des 40% au moins des
émissions suisses de gaz à effet de serre d’ici à 2020.

La consultation qui sera lancée ce mois en vue de réviser la loi
sur le CO2 ouvre le débat décisif sur la politique climatique de la
Suisse d’ici à 2020 et fixe un cadre pour la contribution de notre
pays à la politique climatique internationale.

Le changement climatique est bien plus rapide
que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat ne l’avait prévu dans son rapport de l’ONU sur le climat
publié en 2007. Les émissions mondiales de CO2 doivent atteindre
leur paroxysme en 2015 au plus tard puis rapidement diminuer. C’est
la seule manière de respecter la limite des 2 degrés Celsius de
hausse de la température de la terre, définie comme un maximum
supportable par les spécialistes du climat. Cela exige des nations
industrialisées – qui ont construit leur fulgurant développement
économique de ces 150 dernières années sur une énorme consommation
d’énergies fossiles – qu’elles réduisent leurs émissions de 40%
d’ici à 2020 (par rapport à 1990).

Cela vaut pour la Suisse aussi! Cette réduction
des émissions doit se faire entièrement à l’intérieur du pays. De
surcroît, les émissions grises occasionnées par notre pays à
l’étranger sont à réduire d’un ordre de grandeur similaire. Pour
permettre aux pays les plus pauvres et les plus touchés de
s’adapter aux changements climatiques et afin de stopper la
déforestation à l’échelle du globe, un soutien financier et
technologique des pays industrialisés est incontournable. Ce n’est
qu’avec de telles réductions et mesures que les nations
industrialisées permettront aux pays en développement et aux pays
émergents de parvenir à se développer économiquement, ce qui n’est
que justice à l’échelon mondial. Dans ces conditions, il y aurait
une chance pour que les pays défavorisés jusqu’ici soient d’accord
de s’associer aux négociations du sommet décisif sur le climat qui
aura lieu en 2009 à Copenhague et pour que l’on parvienne à décider
d’une politique climatique mondiale efficace d’ici à 2020.

Selon Rosmarie Bär, porte-parole de l’Alliance
pour le climat, la Suisse, avec la révision de la loi sur le CO2, a
la possibilité et le devoir de veiller à la mise en place d’une
politique climatique nationale efficace et d’émettre ainsi un
signal fort sur la scène internationale. Pays prospère, la Suisse
devrait prendre les devants et, par son action, donner de la
substance au terme de justice.

Composée de 54 organisations issues des
domaines du développement, de l’Eglise, de la santé, des
associations spécialisées, des syndicats et de la protection de
l’environnement et des consommateurs, l’Alliance pour une politique
climatique responsable exige du Conseil fédéral et de l’économie
qu’ils prennent enfin pleinement conscience des changements
climatiques dangereux et rapides en cours, mettent fin aux
marchandages sur des détails et se positionnent en tête des
partenaires dans les négociations par une proposition de réduction
substantielle. C’est le document «Conditions liées à la politique
climatique de la Suisse d’ici à 2020» qui sous-tend une telle
approche.

Rapport: « Conditions liées à la politique climatique de la
Suisse »