Le gouvernement a publié aujourd’hui les résultats finaux de la révision de la légalité des titres forestiers, lancée à l’initiative de la Banque mondiale en 2005. Il apparaît ainsi que 65 permis, couvrant presque 10 millions d’hectares, pourront être convertis en concessions à long terme, et ce en contradiction avec l’avis du groupe technique de travail du gouvernement, qui avait recommandé une réduction à 4,4 millions d’hectares en juillet 2008. L’annonce d’aujourd’hui fait suite à une série de recours de la part de certaines compagnies forestières, dont les contrats risquaient l’annulation. 19 des 87 recours ont abouti.


Greenpeace invite le gouvernement à agir rapidement pour appliquer les décisions prises et protéger ce qui reste des forêts congolaises ©Greenpeace/Davison

«Il est encourageant que le gouvernement n’ait
pas entièrement cédé à la pression de l’industrie forestière.
L’annulation effective des titres forestiers qui n’ont pas été
approuvés doit maintenant être mise en oeuvre. Nous espérons que le
gouvernement s’engage résolument à protéger nos forêts et à mettre
en œuvre un plan de zonage participatif du territoire national, qui
intègre véritablement les préoccupations du peuple congolais»,
commente René Ngongo, conseiller politique pour Greenpeace
Afrique.

La fin du processus de révision de la légalité des titres ouvre
la voie à la recherche d’alternatives à l’exploitation forestière
industrielle. Toutefois, le gouvernement devra rester ferme et ne
pas céder aux manœuvres dilatoires de l’industrie forestière, qui
prend prétexte de la crise financière internationale actuelle pour
tenter d’échapper au paiement des taxes en RDC et anéantir ainsi
tous les efforts consentis pour l’assainissement du secteur
forestier. 

Greenpeace souligne cependant l’importance des défis qui restent
à relever, particulièrement en ce qui concerne la faible
gouvernance et le manque de contrôle du secteur forestier en RDC.
«Comment le gouvernement compte-t-il faire appliquer ces
annulations? Comment va-t-il contrôler les titres qui viennent
d’être légalisés?» poursuit René Ngongo.

Le processus de révision de la légalité des titres a fait
l’objet de nombreuses critiques et l’Observateur Indépendant,
mandaté par le gouvernement à la demande de la Banque Mondiale, a
établi que des critères légaux aussi fondamentaux que celui du
respect des limites des titres n’ont pas été vérifiés. Le moratoire
décrété en 2002 sur les nouveaux titres forestiers a été
massivement violé et le nouveau Code forestier mis en place la même
année n’est toujours pas appliqué. Des compagnies forestières
internationales comme le groupe suisse Danzer ou le groupe
Nordsüdtimber, domicilié au Liechtenstein, ont obtenu la validation
« in fine » de centaines de milliers d’hectares de forêts au prétexte
d’une réorganisation et d’une relocalisation d’anciens titres
forestiers.

Greenpeace demande au gouvernement congolais le maintien du
moratoire sur l’attribution de nouveaux titres forestiers tant
qu’un plan de zonage participatif du territoire national et une
gouvernance forestière satisfaisante n’auront pas été mis en
place.

Les communautés forestières sont en colère parce que des arbres
magnifiques sont extraits de leurs forêts et parce que l’industrie
ne laisse que destruction derrière elle. Les Africains paieront le
plus lourd tribut aux changements climatiques. Le gouvernement doit
sauvegarder les forêts du Congo, non seulement pour leur rôle dans
la stabilisation du climat, mais avant tout dans l’intérêt des
Congolais qui en dépendent, et qui souffrent de leur pillage
continu.