Au lendemain de l’annonce de la construction prochaine d’un deuxième réacteur nucléaire EPR en France, sur le site de Penly (Seine-Maritime), et alors que se déroule à Mortain (Manche) une manifestation contre le premier EPR de Flamanville et la future ligne très haute tension destinée à le raccorder au réseau électrique, Greenpeace affirme, preuve à l’appui, que ce nouveau réacteur va produire des déchets sept fois plus radioactifs que ceux générés par ses prédécesseurs.


27.04.2007 Action de Greenpeace sur le site du chantier de l’EPR (Flamanville/France) ©Greenpeace/Rezac (Archives)

«Alors que le président de la République
française veut doter la France d’un deuxième EPR, il est bon de
rappeler certains chiffres qu’Areva, EDF et lui-même feignent
d’oublier, déclare Yannick Rousselet, de Greenpeace France. Tous
prétendent que l’EPR va produire moins de déchets, mais personne ne
précise qu’ils seront sept fois plus radioactifs que ceux générés
par les réacteurs classiques. Les combustibles irradiés issus de
l’EPR représentent des risques sanitaires et environnementaux
considérables. Ils vont également constituer un casse-tête
insurmontable et très onéreux pour l’industrie, qui échoue déjà à
gérer les déchets nucléaires classiques.»

Ces informations concernant la radioactivité des combustibles
issus de l’EPR proviennent d’un rapport établi en 2008 par Posiva,
une entreprise finlandaise de gestion des déchets radioactifs,
ainsi que d’une étude réalisée en 2004 par la Nagra, l’association
nationale suisse pour le stockage des déchets nucléaires. «Les
difficultés et les coûts liés au stockage et au traitement de ces
déchets sont totalement sous-estimés par l’industrie, confirme
l’expert international John Large. Dans leur stratégie de promotion
de l’EPR, Areva et EDF présentent ce réacteur comme sûr et bon
marché mais en réalité ces entreprises ignorent complètement les
conséquences de l’augmentation des risques liés à ces déchets d’un
nouveau type.»

Le fonctionnement de l’EPR prévoit que le combustible nucléaire
reste beaucoup plus longtemps dans le réacteur, ce qui implique une
usure et donc une radiotoxicité bien plus importante que dans les
réacteur actuels. Ni la France, ni la Finlande, qui construisent
chacune un EPR, ni aucun des autres pays qui envisagent d’en
acquérir un (Royaume-Uni, États-Unis, Inde, etc.) ne disposent d’un
site susceptible de gérer des combustibles ainsi irradiés. Même
l’usine de La Hague d’Areva, présentée comme la plus performante au
monde, ne résoudrait en rien la gestion de ces déchets: leur
traitement génèrerait des rejets de radioéléments beaucoup plus
élevés qu’à l’heure actuelle.

Par ailleurs, il n’existe pour l’instant aucune solution à long
terme pour les déchets issus de ce retraitement. «Voilà qui va nous
coûter beaucoup plus cher que prévu, sur le plan financier mais
surtout en matière de risque sanitaires et environnementaux,
reprend Yannick Rousselet. Ceci est d’autant plus inacceptable que
pour répondre aux enjeux de consommation d’énergie, d’indépendance
énergétique ou encore de lutte contre les changements climatiques,
il existe des solutions bien moins onéreuses, beaucoup plus
efficaces et sans aucun risque: les économies d’énergie et les
renouvelables.»

Le prix du prototype finlandais s’élève désormais à 5,5
milliards d’euros (contre 3 milliards initialement prévus) et le
chantier affiche 38 mois de retard pour lequel TVO, l’opérateur
électrique finlandais qui achète cet EPR, réclame à Areva 2,4
milliards d’euros de dédommagements. Quant au chantier français, il
prend le même chemin. Démarré en décembre 2007, il présente un
dépassement budgétaire officiel de 20%, qui risque encore de se
creuser: les retards s’accumulent, impliquant un surcoût d’un
million d’euros par jour de retard supplémentaire pour EDF.

Article
« International Herald Tribune » en anglais

Rapport Nagra
« Spent fuel staibility project » en anglais (PDF)