De grandes quantités de dioxines et d’autres poisons persistants ont probablement été déversées dans l’ancienne décharge de déchets toxiques du Hirschacker dans le Bade-Wurtemberg (D). Durant la période de remplissage du Hirschacker, Roche brûlait des solvants sur place et déversait dans la décharge les résidus de dioxines que cela produisait. L’actuel assainissement du Hirschacker consiste à excaver en partie la décharge.


26.02.2009 Des militants Greenpeace déposent des fûts de déchets toxiques symboliques devant le siège de Roche parce que celle-ci ne veut plus respecter l’accord qu’elle a conclu avec Greenpeace. ©Greenpeace/Ex-Press/Winkler (Archives)

On ne sait pas quelles quantités de dioxines
ont été transférées dans le Rheinland-Pfalz (D) avec les 17’000
tonnes de déchets excavés. Car malgré cette problématique bien
connue, personne n’a recherché les dioxines dans les déchets
excavés. Parce que la sous-préfecture de Lörrach et l’entreprise
d’élimination de la ville de Mainz dans le Rheinland-Pfalz ignorent
la dangereuse diversité de ces substances, l’assainissement du
Hirschacker comme l’entreposage à Budenheim risque de devenir un
désastre.

Greenpeace présente un autre exemple de la
déclaration insuffisante et inappropriée des déchets contenus dans
la décharge de déchets chimiques du Hirschacker près de
Grenzach-Whylen (Bade-Wurtemberg). Selon un document interne, Roche
a exploité des unités d’incinération de solvants et de déchets
chimiques sur sa parcelle no. 1453 au Hirschacker. L’incinération
non contrôlée de déchets chimiques et de solvants contenant du
chlore produit des dioxines hautement toxiques.

Les dioxines, qui sont devenues tristement
célèbres après l’accident qui a eu lieu en 1976 sur un site de
Roche à Seveso (Italie du Nord), font partie des substances les
plus toxiques connues. Selon des indications d’anciens
collaborateurs de Roche-Grenzach, l’unité d’incinération consistait
en une cuve d’acier d’environ 16 mètres de long et d’une cuve
d’incinération maçonnée d’environ 16 mètres de long. Suivant la
direction du vent, les collaborateurs de Roche remplissaient la
cuve d’incinération de déchets qu’ils allumaient; ils déversaient
ensuite les résidus dans la décharge du Hirschacker. Durant les
années 1950, il y a ainsi probablement eu une grande production de
dioxines qui ont été réparties de façon hétérogène dans la
décharge. Mais des quantités inconnues de dioxines ont aussi été
déversées avec les résidus de distillation provenant de la
production de l’époque qui utilisait des substances chlorées et
bromées.

Malgré que la sous-préfecture de Lörrach et
naturellement aussi Roche aient eu connaissance de la problématique
des dioxines, les dioxines et d’autres poisons persistants n’ont
pas été recherchés lors de la déclaration des déchets (seulement
quatre échantillons, donc une proportion marginale, ont été
analysés dans cette optique sur insistance de Greenpeace, ils
contenaient tous des dioxines dans des concentrations très
variables). Il n’est de ce fait pas clair, quelles quantités de
dioxines ont été déversées dans les décharges de Berg, Kapiteltal
et Budenheim dans le Rheinland-Pfalz jusqu’en décembre 2008.

Mais les dioxines ne sont de loin pas le seul
problème. L’expérience que Greenpeace a depuis plus de dix ans avec
les sites contaminés enseigne que les décharges de déchets
chimiques de Roche & Co sont toutes très hétérogènes et
comportent une énorme diversité de polluants. Des échantillons pris
dans la décharge comparable de Feldrebengrube à Muttenz (BL)
contenaient jusqu’à 600 substances différentes. L’industrie
chimique a éliminé les déblais relativement discrets du four à
déchets spéciaux dans la décharge du Letten (Haut-Rhin, France),
parce qu’il était impossible de les trier. Il en va de même au
Hirschacker; le problème ne consiste pas seulement en hydrocarbures
halogénés volatils (HHV) et les pollutions ne sont aucunement
visibles à l’oeil nu.

C’est ce que prouvent les rares analyses d’air
interstitiel du sol lors desquelles on mesure jusqu’à 90 % de
polluants qui ne sont pas des HHV. L’hexachloréthane toxique, blanc
à l’origine, n’est plus reconnaissable parce qu’avec le temps il
prend la couleur de son environnement. Ici aussi on ne reconnaît
une forte pollution qu’après de soigneux échantillonnages et
analyses. Lorsque la pollution n’est pas reconnue lors
d’assainissements de sites contaminés et que les déchets toxiques
sont déchargés de façon inappropriée, cela peut avoir des
conséquences graves pour les humains et leur environnement.

En conclusion, on ne trouve que si l’on
cherche. Et l’on n’a pas bien cherché au Hirschacker. D’un côté, la
sous-préfecture de Lörrach échantillonne et élimine de façon
inappropriée, en ne respectant pas les directives du ministère de
l’environnement du Bade-Wurtemberg, des déchets excavés de la
décharge de déchets chimiques de Roche au Hirschacker. De l’autre
côté, l’entreprise d’élimination de la ville de Mainz a confiance
dans les déclarations de déchets lacunaires de Lörrach et risque
ainsi de créer de nouveaux sites contaminés dans le Rheinland Pfalz
en entreposant des dioxines et d’autres poisons parfois inconnus
provenant du Hirschacker.

Matthias Wüthrich, chargé de la campagne chimie
chez Greenpeace Suisse exige: «Les erreurs commises doivent être
corrigées. Les déchets du Hirschacker entreposés dans le
Rheinland-Pfalz doivent être ressortis – les déblais doivent être
proprement échantillonnés et éliminés de façon appropriée. Dans le
Bade-Wurtemberg, l’assainissement de la décharge du Hirschacker
doit continuer proprement en respectant l’accord conclu entre Roche
et Greenpeace. Pour ce faire, la sous-préfecture de Lörrach doit
suivre scrupuleusement les directives du ministère de
l’environnement du Bade-Wurtemberg, comme le stipule l’accord!»