Greenpeace occupe depuis hier une 5ème centrale à charbon en Italie, celle de Civitavecchia près de Rome, alors que le Sommet du G8 s’est élargi pour accueillir les pays émergents comme l’Inde, la Chine, le Mexique, l’Afrique du Sud dans le cadre du Forum des Economies Majeures (MEF), qui regroupe les 17 plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de la planète.


Pour augmenter la pression sur le G8, Greenpeace a investi une 5ème centrale à charbon. (Brindisi/Italie) ©Greenpeace/Baker

La déception est grande face à l’échec du G8 et
du MEF à avancer vers un accord. Face à ce fiasco provoqué en
grande partie par les pays les plus riches, ceux du G8, Greenpeace
multiplient les actions sur des centrales à charbon en Italie. «Les
espoirs de progrès significatifs lors du Forum des grandes
économies ont été torpillés par le manque de leadership manifesté
hier par les Chefs d’Etat du G8», a commenté Karine Gavand, chargée
de campagne Climat à Greenpeace. «L’obligation de faire les
premiers pas, décisifs pour progresser, appartenait clairement aux
leaders des pays industrialisés les plus riches: il est clair que
malgré la reconnaissance du consensus scientifique sur la barre
fatidique des 2°c, le G8 n’a pas fait preuve de leadership. Le
Secrétaire d’Etat des Nations Unies Ban Ki Moon lui-même a souligné
cet échec aujourd’hui».

Le MEF est construit sur l’idée de restaurer la confiance entre
les pays industrialisés et les pays en développement et sur l’idée
que la protection du climat se fonde sur une responsabilité
partagée mais proportionnée entre pays pollueurs. «Quand les
leaders mondiaux des pays industrialisés les plus puissants
n’adoptent pas d’objectifs de réduction de leurs émissions à moyen
terme, et ne mettent pas d’argent sur la table pour aider les plus
démunis à faire face à la crise climatique, ils torpillent toute
chance d’un résultat ambitieux du Forum des grandes économies», a
poursuivi Phil Radford, directeur exécutif de Greenpeace
Etats-Unis. «Quand ils essaient d’accuser la Chine et l’Inde de
l’échec du MEF, leur excuse sonne faux. L’échec revient au
leadership des pays du G8. Il est difficile de croire qu’un seul
des dirigeants du G8 a eu l’audace de regarder les leaders des pays
en développement lors du MEF dans les yeux, et de parler d’action
commune pour protéger le climat», a ajouté Phil Radford.

Le G5 – Chine, Brésil, Inde, Mexique et Afrique du Sud – a
appelé hier les pays industrialisés à réduire leurs émissions de
40% d’ici à 2020. Cet appel met en lumière – comme le Secrétaire
général des Nations Unies Ban Ki-Moon l’a souligné aujourd’hui –
que l’absence d’objectifs ambitieux de réduction à moyen terme des
émissions des pays du G8 et des autres pays industrialisés bloque
tout progrès des négociations internationales. Ils doivent
s’engager sur clairement sur les 10 prochaines années, afin de
réparer le déficit de confiance qui s’est creusé ces dernières
années, au fur et à mesure de leur inaction.

Pour augmenter la pression sur le G8, Greenpeace a investi
depuis quelques heures une 5e centrale à charbon. Depuis mardi
soir, une centaine d’activistes occupaient quatre centrales à
charbon pour demander aux Chefs d’Etat des pays les plus riches de
prendre des engagements concrets en vue du Sommet de
Copenhague:

  • l’arrêt de l’utilisation des énergies fossiles comme le
    charbon, responsable de 30% des émissions mondiales de CO2,
    véritable matière première du changement climatique;
  • un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre
    de 40% d’ici à 2020, pour agir sur le court terme;
  • un engagement chiffré à soutenir les pays les plus vulnérables
    face à la crise climatique.

Parmi les centrales occupées, celles de
Brindisi où des activistes comme Cédric, 35 ans, sont perchés à
plus de 200 mètres de hauteur au sommet de la cheminée de la
centrale depuis maintenant près de 36 heures: «C’est aux leaders du
G8 de faire le premier pas. Ils sont responsables du dérèglement du
climat. Ils sont responsables de plus de 47% des émissions
actuelles de CO2. Les pays en développement au sein du MEF sont
responsables de 25% des émissions de CO2. C’est le G8 qui a montré
le moins de volonté à s’engager à agir».