Greenpeace se félicite de la décision prise aujourd’hui par le Ministre indonésien des forêts, M. Zulkifli Hasan, de suspendre provisoirement les activités de l’Asia Pacific Resources International Holding Limited (APRIL) dans l’attente d’un réexamen de ses permis. Les activités de ce géant du papier détruisent les forêts sur tourbières riches en carbone de la péninsule de Kampar à Sumatra.


Alors que les leaders mondiaux se préparent au sommet climatique de Copenhague, nos militants agissent face aux changements climatiques résultant de la destruction de la forêt tropicale en Indonésie. (Sumatra/Indonésie) ©Greenpeace/Rante

La mesure fait suite à une manifestation de
Greenpeace le 12 novembre visant à empêcher cette société de
convertir la forêt et la tourbière locales en plantations d’acacias
destinées à la production de pâte à papier pour le marché mondial.
Renfermant deux milliards de tonnes de carbone, la péninsule de
Kampar est l’un des plus grands puits naturels de carbone de la
planète. Elle est menacée de destruction par les activités de
l’APRIL et d’Asia Pulp & Paper (APP).

«En suspendant la licence qui permet à cette société de détruire
la forêt, les autorités indonésiennes accordent un peu de répit au
climat. La déforestation est l’une des causes de la crise
climatique. Nous n’éviterons cette crise que si le président
Yudhoyono et d’autres dirigeants du monde empêchent définitivement
des compagnies comme APRIL et APP de détruire les forêts de la
planète», déclare Shailendra Yashwant, directeur de campagne de
Greenpeace Asie du Sud-Est.

La déforestation est à l’origine d’un cinquième environ des
émissions mondiales de gaz à effet de serre. Plus d’un million
d’hectares de forêt, surtout de forêt tropicale humide, sont
détruits chaque mois, soit l’équivalent de la taille d’un terrain
de football toutes les deux secondes. Les quantités de CO2 émises
par la destruction de la forêt tropicale et de la tourbière en
Indonésie sont si considérables que ce pays est devenu le troisième
pollueur mondial du climat après la Chine et les États-Unis.

«Pour éviter que le monde ne sombre dans une crise climatique,
Obama, Merkel, Sarkozy, Brown et les autres dirigeants du monde
doivent s’engager à réduire plus massivement leurs émissions de
combustibles fossiles, et à dégager les moyens financiers
nécessaires pour permettre à des pays comme l’Indonésie de mettre
un terme à la déforestation. S’ils ne le font pas, nous serons
confrontés à des extinctions d’espèces, des inondations, des
sécheresses et des famines en masse avant la fin du siècle »,
ajoute Yashwant.

Greenpeace a érigé un «camp des défenseurs du climat» sur la
péninsule de Kampar depuis plus de trois semaines. L’objectif, à
l’approche de la conférence décisive de l’ONU sur le climat à
Copenhague en décembre, est d’attirer l’attention sur le danger que
la destruction de la forêt tropicale et de la tourbière fait peser
sur l’évolution du climat.

La semaine dernière, treize militants étrangers de Greenpeace
ont été expulsés d’Indonésie alors qu’ils étaient en possession de
visas d’affaires valides. Deux journalistes indépendants détenteurs
des visas et autorisations nécessaires ont été retenus, interrogés,
puis expulsés. Ces événements ont soulevés des critiques et des
condamnations venant de parlementaires, de membre de la société
civile et d’associations de journalistes, cela tant au niveau
national qu’international.

«Nous espérons que les autorités indonésiennes cesseront
d’intimider les manifestants qui tentent pacifiquement d’inciter le
président Yudhoyono à tenir son engagement de réduire les émissions
massives de CO2 de l’Indonésie», déclare Bustar Maitar de
Greenpeace Asie du Sud-Est. «Elles devraient plutôt poursuivre
leurs investigations sur des sociétés comme APRIL qui détruisent la
forêt et accélèrent le changement climatique mondial.»

Greenpeace exige l’arrêt de la déforestation à l’échelle
mondiale d’ici à 2020 comme un élément essentiel des négociations
de l’ONU sur le climat en décembre.

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