René Ngongo, Conseiller politique de Greenpeace Afrique, et militant de la société civile depuis 18 ans, reçoit aujourd’hui le prix Nobel Alternatif au Parlement suédois. Ce prix récompense son engagement, parfois même dans des circonstances dangereuses, au service des populations qui dépendent des forêts de la République Démocratique du Congo (RDC). La Fondation Right Livelihood Award salue « le courage dont René Ngongo fait preuve dans la lutte contre la déforestation et son combat pour une action politique en faveur de la sauvegarde et de la gestion durable des forêts congolaises. »


La collaboration de René Ngongo avec Greenpeace a commencé en 2004 et il travaille pour l’organisation environnementale internationale depuis 2008. ©Greenpeace/Moeller

René Ngongo s’est exprimé en ces termes: « C’est
humblement que je reçois cet honneur au nom des communautés locales
de RDC, pour qui les forêts fournissent l’essentiel des ressources
de base, et sont à la fois un supermarché, une pharmacie et un
héritage. Si nous ne continuons pas à lutter pour la protection de
ces forêts primaires, c’est le futur de ces communautés et notre
propre existence que nous mettons en danger. »

« René Ngongo est un vrai leader. Une personne
qui agit pour protéger les forêts de la RDC et ceux qui y vivent. A
quelques jours du lancement de la Conférence des Nations-Unies sur
le Climat de Copenhague, ce prix rappelle qu’il faut d’urgence
protéger les forêts, non seulement pour les populations qui en
dépendent, mais aussi pour leur rôle dans la prévention d’un
changement climatique catastrophique. Les chefs d’Etat doivent
travailler ensemble pour arrêter la déforestation, une étape
essentielle dans toute négociation pour sauver le climat.
Finalement, seuls les vrais leaders comme René font bouger les
choses – les politiciens se contentent de belles paroles. » commente
Kumi Naidoo, Directeur Général de Greenpeace International.

Hier, René Ngongo et ses collègues de Greenpeace, Global Witness
et la Rainforest Foundation ont adressé une lettre ouverte à la
Banque Mondiale, principal bailleur de fonds de la réforme du
secteur forestier au Congo. La lettre révèle le chaos
environnemental et social générés en RDC par les compagnies
internationales d’exploitation du bois, et critique le rôle de la
Banque Mondiale dans la promotion de l’exploitation industrielle
des forêts tropicales, sous le prétexte du développement. Pour les
ONGs signataires, la Banque Mondiale devrait au contraire
« promouvoir des alternatives viables bénéficiant aux populations
congolaises et au climat ».

La position de la Banque Mondiale en faveur de
l’exploitation industrielle, en prétextant une soi-disant gestion
durable des forêts, pourrait aussi influencer le mécanisme REDD
(Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la
Dégradation des forêts) pendant les négociations de Copenhague.
Tout mécanisme REDD doit au contraire exclure les incitations à la
destruction des forêts, telles que l’exploitation industrielle du
bois et la conversion de forêts en plantations, et doit fournir un
fonds fiable pour la promotion d’alternatives.

René Ngongo a consacré sa vie au militantisme. Même pendant la
guerre et dans des conditions dangereuses, il a continuellement
fait pression afin de mettre fin à l’exploitation illégale des
ressources naturelles de son pays, rassemblant de nombreuses
preuves de l’exploitation des forêts et des minerais. En 1994, il a
fondé OCEAN, une organisation environnementale qui jouera un rôle
influent en RDC. René Ngongo a réussi à établir un puissant réseau
et à encourager une meilleure protection de la deuxième plus grande
forêt tropicale du monde.

« Aujourd’hui nous sommes vraiment fiers, René rejoint un groupe
de leaders qui n’ont pas peur de se mobiliser pour encourager des
solutions durables pour leurs communautés et leur environnement », a
ajouté Michelle Ndiaye Ntab, Directrice Générale de Greenpeace
Afrique, présente à la remise du Prix – connu sous le nom de Prix
Nobel Alternatif – avec la famille de René Ngongo et des
personnalités du monde entier.