Il pourrait s’agir de la plus grave catastrophe écologique de toute l’histoire des USA, pire encore que la marée noire de l’Exxon Valdez en 1989 où 800 kilomètres de côtes avaient été souillés.


Photo: United States Coast Guard

Le jeudi 22 avril, une énorme explosion
d’origine inconnue a fait sombrer une plateforme pétrolière,
propriété de Transocéan, exploitée pour le compte du groupe
pétrolier BP. Cette plateforme située à environ 80 kilomètres des
côtes de Louisiane forait à environ 1’500 mètres de profondeur. Les
systèmes et vannes de sécurité censés éviter le pire et bloquer la
fuite sous-marine du forage n’ont pas fonctionné. Ce sont désormais
environ 800’000 litres de pétrole qui s’échappent tous les jours,
l’équivalent de 5’000 barils, qui forment aujourd’hui une nappe
d’environ 74’000 kilomètres carré soit la superficie combinée des
régions françaises Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. La
nappe se situe aujourd’hui à environ 40 kilomètres des côtes de
Louisiane.

Il semble aujourd’hui inéluctable que la nappe touche
prochainement les côtes américaine. Quatre Etats sont
potentiellement concernés. Au-delà des milieux marins et de sa
biodiversité – cachalots, poissons, crustacés, parc à huitres,
oiseaux marins, etc.- durement affectés, si l’on ne parvient pas à
contenir l’avancée de la marée noire, les impacts sur les
écosystèmes côtiers vont aussi être absolument dramatiques et de
très long terme. On a à faire à des écosystèmes très fragiles,
particulièrement en Louisiane avec des zones de Mangroves, où
poussent des palétuviers – arbres qui «respirent» par les racines –
également des zones de marais -les bayous- formant des milieux
naturels totalement exceptionnels.

Le désastre est maintenant inéluctable, puisque la fuite ne sera
pas colmatée avant plusieurs semaines et que la nappe avance très
rapidement. BP a mobilisé des moyens lourds mais lents : des robots
tentent de fermer les vannes sans y parvenir, on évoque la
possibilité de mettre en place une immense « cloche » pour stopper
l’évolution de la nappe, ou enfin de procéder à un nouveau forage
sous marin pour diminuer la fuite. Les autorités ont même commencé
à bruler certaines parties de la nappe ce qui va dégager dans
l’atmosphère d’immenses quantités de gaz à effet de serre, des
retombées de suie, etc.

Cette nouvelle catastrophe pose bien évidement la question de
ces forages offshore, extrêmement nombreux dans le golf du Mexique.
Mais il pose surtout la question de la fuite en avant des groupes
pétroliers et des Etats qui les soutiennent par leurs politiques
énergétiques et climatiques. Les groupes pétroliers comme BP et
certains Etats se sont engagés dans une course folle vers de
nouvelles ressources pétrolières et sources d’énergies fossiles,
conventionnels ou non, avec le pétrole des sables bitumineux
d’Alberta, les forages pétroliers offshore prévus en Arctique,
etc.

Le Président Obama a par exemple décidé le 30 mars dernier
l’ouverture de vastes étendus des eaux territoriales américaines de
l’océan atlantique à de nouveaux forages gaziers ou pétroliers
offshore. Le prochain test du nouveau plan pétrolier d’Obama
devrait voir le jour avec un forage offshore à 80 kilomètres des
côtes de la Virginie, soit la même distance séparant la plateforme
de BP des côtes de Louisiane.

Derrière les grands discours faits la main sur le cœur sur la
nécessité de changer de modèle énergétique, d’infléchir la courbe
des émissions de gaz à effet de serre pour freiner les changements
climatiques, l’échec de Copenhague et les décisions en matière
d’orientations énergétiques montrent que les leaders mondiaux n’ont
toujours pas pris la mesure des risques et des réels enjeux – dont
cette marée noire n’est que la face émergée – du «tout énergie
fossile».

Plus d’infos sur le
site Greenpeace USA (en anglais)