La terrible marée noire qui s’est formée après l’explosion, la semaine dernière, d’une plate forme pétrolière exploitée par BP (British Petroleum) au large du golfe du Mexique a touché hier dans la soirée les côtes de Louisiane et a été déclarée par le Président Obama « catastrophe nationale ».


Toute la biodiversité exceptionnelle de la région est menacée. Photo: United States Coast Guard

5’000 barils de pétrole s’échappent par jour et
cette marée noire pourrait être plus grave encore que celle de 1969
au large de Santa Barbara, qui avait entraîné l’adoption d’un
moratoire sur les forages en mer, et plus grave encore que la
catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989 qui avait souillé près de
1’500 kilomètres de côtes en Alaska. Les efforts réalisés jusqu’ici
pour tenter d’endiguer la nappe de pétrole ont été vains; le forage
d’un puits de secours prendrait plusieurs mois, tout comme la
construction d’un couvercle sous-marin, brûler la nappe ajoute une
pollution atmosphérique à la pollution maritime.

Cette plateforme est pourtant récente: elle a été construite en
2001 et était censée être équipée des technologies de pointe. À
partir de cette plate-forme, BP forait le puits de pétrole le plus
profond du monde. Pour exploiter cette plateforme, BP payait la
somme de 181 millions de dollars par an à Transocean, soit 500’000
dollars par jour environ. La plate-forme était équipée de nombreux
systèmes technologiques « dernier cri » destinés à améliorer son
rendement et à limiter les périodes d’arrêt. Malheureusement, aucun
système ne permettait d’actionner sa mise à l’arrêt à distance.
Elle était seulement équipée d’un dispositif censé prendre
automatiquement le relai en cas de défaillance humaine ou de
détection de panne, et fermer immédiatement le puits. Mais le
système n’a pas fonctionné.

En Norvège et au Brésil, par exemple, les dispositifs d’arrêt à
distance sont obligatoires. Le coût de ces systèmes a été évalué
par les industriels à 500 000 dollars. Depuis 2000, le Minerals
Management Service (MMS: service de gestion des minéraux, organisme
gouvernemental chargé d’attribuer les autorisations de forage aux
USA) envisageait de rendre obligatoire l’utilisation de ces
interrupteurs à distance. Mais les industriels se sont opposés à ce
projet. En 2003, le MMS a affirmé que l’utilisation de systèmes de
commande à distance n’était pas recommandée, car « ces dispositifs
ont tendance à être très onéreux ». À titre de comparaison, BP a
réalisé six milliards de dollars de bénéfices et dépensé 3,5
millions de dollars en activité de lobbying, rien qu’au cours du
premier trimestre 2010.

Toute la biodiversité exceptionnelle de la région est menacée.
Dans le même temps où Barack Obama déclarait l’état de « catastrophe
nationale », il annonçait également aujourd’hui un moratoire sur les
nouveaux forages offshore dans les eaux américaines, ceci à peine
un mois après avoir annoncé la fin du moratoire qui existait
précédemment et surtout avoir annoncé la relance des forages au
large de la côte Atlantique. Un pas en avant, un pas en
arrière…

Cette marée noire est la conséquence directe du mode de vie soit
disant « non négociable » des pays industrialisés, basé sur une
réelle addiction au pétrole et aux énergies fossiles. Cette marée
noire nous laisse tous impuissant face à la destruction inéluctable
de toute une région. Les gouvernements – USA en tête – des pays
industrialisés semblent pieds et poings liés avec les lobbies des
« vieilles » énergies (gaz, pétrole, et même nucléaire) qui portent
toutes en elles de potentielles catastrophes comme cette marée
noire.

Les seules solutions propres, viables et sûres sont les énergies
renouvelables et l’adoption d’un mode de vie moins énergivore.
C’est ce dont il était question à Copenhague en décembre, ou les
leaders mondiaux ont fait l’étalage de leur manque de courage, et,
ou de volonté.

Plus d’infos sur le
site Greenpeace USA (en anglais)