La communauté internationale a échoué a atteindre le but qu’elle s’était elle-même fixée lors du Sommet de l’ONU sur le développement durable en 2002: stopper la destruction des forêts, des océans et des écosystèmes riches en espèces vivantes. La Conférence des Nations-Unies sur la biodiversité biologique qui s’est ouverte ce lundi dans la ville japonaise de Nagoya doit impérativement apporter des résultats tangibles dans le domaine de la préservation de la biodiversité.


Greenpeace adresse un message aux participants de la 10ème Conférence mondiale sur la diversité de Nagoya. ©Greenpeace/Hokari

L’étude TEEB (Economics of Ecosystems and Biodiversity study) montre très clairement à quel point les deux plus importants problèmes environnementaux mondiaux – changements climatiques et détérioration de la biodiversité biologique – sont étroitement liés.

Le lien étroit qui existe entre changements climatiques et biodiversité comme problèmes globaux est peut-être le mieux illustré par les forêts anciennes. Ainsi, si le réchauffement planétaire augmente de plus de 2 degrés Celsius, la forêt amazonienne deviendra avec une forte probabilité une steppe. Par ailleurs, si la communauté internationale ne parvient pas à protéger les forêts primaires et leur extraordinaire biodiversité, notamment en laissant les plantations industrielles s’y implanter, ce n’est pas seulement l’habitat traditionnel des peuples autochtones qui serait détruit, mais aussi tout le patrimoine génétique pour les dispositifs médicaux de l’avenir.

Les pays réunis à Nagoya doivent donc atteindre des objectifs clairs sous forme de nouveau plan décennal pour la protection des forêts et des milieux marins. L’élément décisif sera de savoir si les gouvernements auront le courage politique de réguler l’action des milieux à l’origine de la dramatique destruction de la biodiversité biologique – l’industrie de la pêche hauturière, celle du bois et de l’huile de palme et celle pratiquant une agriculture intensive sous forme de monoculture, notamment.

Pour une protection efficace de la biodiversité biologique, les éléments arrêtés dans le cadre du plan décennal doivent être les suivants:

  1. La déforestation est arrêtée d’ici à 2020.
  2. La surexploitation des mers avec des méthodes destructrices cesse.
  3. Toutes les formes de productions doivent avant tout être respectueuses de l’environnement.
  4. Le pourcentage d’aires protégées de mers et de forêts a doublé. En 2012, un réseau mondial de réserves marines protégées, ce également en haute mer, a été mis en place.

Un autre enjeu important de la Conférence de Nagoya réside dans l’établissement d’un cadre législatif permettant une exploitation équitable des ressources naturelles dans les pays du Sud. Pendant des décennies, les milieux naturels des pays du Sud, recelant une biodiversité extraordinaire, ont en effet été exploités par les industries des pays du Nord. Du coup, les pays d’origine ont jusqu’à présent tiré très peu ou pas d’avantage économique de l’exploitation de leurs ressources naturelles. C’est ce qu’a récemment mis en évidence la troisième édition du rapport Global Biodiversity Outlook (GBO-3).

La signature, à Nagoya, d’un protocole juridiquement contraignant, qui donnerait également un avantage économique aux peuples autochtones lorsque des plantes médicinales ainsi que les connaissances liées à leur utilisation sont exploitées pour les bénéfices des multinationales pharmaceutiques, serait un pas significatif vers exploitation équitable des ressources naturelles des pays du Sud.