Des images satellites officielles révèlent que la déforestation en Amazonie prend des proportions alarmantes. Ce phénomène préoccupant s’est accéléré au cours de ces derniers mois. L’impact se marque surtout dans le Mato Grosso, un état où la culture du soja est pratiquée de manière intensive. Le ministre brésilien de l’Environnement qualifie la situation « d’alarmante ».


Près de 80% de la superficie totale déboisée en Amazonie sont occupées par des pâturages. ©Greenpeace/Rodrigo

En décembre dernier, le président de l’époque, Lula Da Silva fanfaronnait en annonçant les chiffres de déforestation les plus bas depuis 22 ans, soit depuis le début des mesures. Ces données optimistes ont été depuis démenties. Si l’on compare les photos satellites, prises en 2010 et en 2011, on s’aperçoit que six fois plus de surfaces boisées ont été rayées de la carte. Ce que Greenpeace a pu constater sur le terrain est donc bel et bien une réalité.

Comment expliquer cette recrudescence? Le Brésil discute en ce moment la réforme de sa législation sur les forêts. Il existe ainsi une proposition visant à ne pas poursuivre ceux qui – par le passé – ont trempé dans des coupes illégales. Résultats? « Les paysans se dépêchent de déboiser à tout va en espérant pouvoir compter sur une amnestie ou parce qu’ils comptent bien voir la réglementation en vigueur s’assouplir, explique Marcio Astrini de Greenpeace. A quoi pouvait-on s’attendre d’autre avec des politiciens qui donnent le signal depuis Brasilia qu’il n’est pas interdit de déforester sans compter. »

La présidente Dilma Roussef peut protéger l’Amazonie en s’opposant à cette modification de la législation forestière et en intervenant contre la déforestation illégale. Si ce n’était pas le cas, les efforts du président précédent seront perdus. La présidente Roussef semble être mise sous pression par le lobby agricole qui cherche à s’étendre. « Le rôle moteur que le Brésil peut jouer dans la lutte contre le climat via la lutte contre la déforestation est en jeu, rappelle Marcio Astrini ». Izabella Teixeira, la ministre brésillienne de l’Environnement, parle de chiffres alarmants. Elle a mis en place un comité de crise et compte obtenir des résultats d’ici à la fin juillet.

Les nouvelles images satellites montrent des zones dévastées plus grandes que 25 hectares. Une autre technologie permettrait sans doute de mettre à jour d’autres impacts. Des nouvelles images de ce type seront sans doute disponibles dès le mois de septembre. Il faut aussi tenir compte d’un autre élément: nous sommes en pleine saison des pluies, ce qui freine généralement la déforestation. On peut donc craindre qu’en juin et en juillet la déforestation ne soit d’autant plus flagrante.