Il n’y a pas que la transpiration qui salit les vêtements de sport. Greenpeace publie aujourd’hui son rapport « Linge sale ». Ses analyses montrent comment des fournisseurs de Nike, Adidas et consorts polluent les rivières en Chine. Avec de graves conséquences sur l’environnement et la population qui utilise quotidiennement l’eau polluée de ces rivières. Greenpeace demande aux fabricants d’articles de sport de cesser de polluer l’eau des pays du Sud. « Detox! »: en tant que vrais champions, les géants des vêtements de sport doivent faire le ménage dans leurs produits et leur chaîne d’approvisionnement. Ils doivent veiller à ce que leurs producteurs en Chine ou ailleurs renoncent à l’utilisation de substances toxiques.


Décharge sauvage à proximité de l’usine Guotai Dyeing Factory à Zhongshan. ©Greenpeace/Bo

L’organisation de défense de l’environnement demande aux grandes marques de sport d’assumer leurs responsabilités et de garantir, pour l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement et de création de valeur, un mode de production qui soit respectueux de l’environnement et des cours d’eau dans les pays du Sud. Greenpeace demande également aux gouvernements d’adapter leur législation, par exemple en décrétant l’interdiction totale des rejets et l’élimination des substances toxiques en l’espace d’une génération, ainsi qu’en garantissant l’information au public concernant l’utilisation des substances toxiques.

« Les entreprises concernées, et en particulier les marques de sport telles Nike ou Adidas, doivent assumer leurs responsabilités face à l’utilisation et face au rejet de substances toxiques. Les champions du vêtement doivent obliger leurs fournisseurs à mettre fin à la pollution de l’eau et à passer à un mode de production respectueux de l’environnement. Seule l’absence totale de rejets (« zero discharge ») et l’élimination de tous les polluants de la chaîne de production et des produits peuvent protéger les personnes, les animaux et l’environnement », déclare Matthias Wüthrich, responsable de la campagne chimie de Greenpeace Suisse. Les effets de ces substances toxiques durables ne sont pas seulement régionaux, mais bien mondiaux. Ces substances peuvent en effet être dispersées par les courants marins, l’atmosphère, les transports de marchandises ou la chaîne alimentaire et venir contaminer les personnes et l’environnement dans des zones aussi éloignées que les régions polaires.

L’industrie textile est l’une des plus grandes consommatrices en eau: jusqu’à 100 litres d’eau sont utilisés pour produire 1 kilo de tissu. De nombreux produits chimiques interviennent lors des  différentes étapes de la production telles que la teinture, le blanchiment ou l’impression. Si certaines substances nocives pour la santé restent dans le produit, la plupart sont rejetées dans les eaux usées de l’usine. Même les stations d’épuration modernes ne parviennent pas à les filtrer complètement. La pollution de l’eau des rivières, des nappes phréatiques et de l’eau de consommation courante en est la conséquence.

Greenpeace a mis en évidence la présence de colorants azoïques, de métaux lourds et d’autres substances toxiques dans les échantillons d’eaux usées. Des produits chimiques organiques tels que des nonylphénols et des composés perfluorés ont ainsi été décelés. Ces substances perturbent le système hormonal et peuvent s’accumuler dans la chaîne alimentaire. Greenpeace a déjà attiré l’attention, dans des études antérieures, sur la féminisation des poissons du Yangtsé. Avec de graves effets pour les habitants, puisque des millions de personnes dépendent de l’eau des rivières pour la consommation d’eau potable, la pêche et l’agriculture. L’utilisation de plusieurs de ces produits chimiques ou leur rejet dans les rivières est interdit en Suisse et en Europe.

La Chine est le premier exportateur mondial de vêtements. Le rapport « Linge sale » publié aujourd’hui à Pékin s’inscrit dans le cadre de la nouvelle campagne mondiale de protection de l’eau lancée par Greenpeace. L’organisation de défense de l’environnement a prélevé des échantillons d’eaux usées près de deux usines textiles en Chine pour y analyser la présence de substances toxiques. La première usine, Youngor Textile Complex, est située dans le delta du Yangtsé; la seconde, Well Dyeing Limited, au bord d’un affluent du delta de la rivière des Perles. Greenpeace a mené une enquête de plusieurs mois sur la chaîne d’approvisionnement mondiale. Il en ressort que ces deux entreprises fournissent de grandes marques de vêtements de sport et de loisirs, notamment Nike et Adidas.