Ce matin, à 7h40, un militant Greenpeace, à bord d’un paramoteur, a survolé la centrale française du Bugey, pénétrant un espace aérien interdit. Illustrant la vulnérabilité des installations nucléaires à la menace aérienne, il a réussi à déposer des fumigènes sur l’un des réacteurs et a atterri à l’intérieur du site.


Les centrales nucléaires ne sont pas conçues pour résister à la chute d’un avion de ligne. ©Greenpeace/Lagazeta

Ce survol illustre la vulnérabilité des sites nucléaires français face à la menace d’une attaque aérienne. Alors que l’Allemagne a pris en compte la chute d’avion dans ses tests de sûreté, la France refuse toujours d’analyser ce risque pour ses centrales. En Suisse, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) sous estime elle aussi les dangers liés à des crashs d’avions. 
 
Les centrales nucléaires ne sont pas conçues pour résister à la chute d’un avion de ligne
Greenpeace France publie ce jour une étude réalisée par un expert britannique sur la vulnérabilité des centrales nucléaires françaises aux chutes d’avion. La chute d’un avion de ligne sur une centrale nucléaire, jugée peu probable par les autorités de contrôle, n’a jamais été prise en compte ni dans la conception, ni durant l’exploitation des installations françaises. Cet aspect de la sécurité des centrales est tout aussi préoccupant en Suisse.

Les confinements primaires des 58 réacteurs français seraient confrontés à un risque de défaillance. De même, les bâtiments abritant les piscines de refroidissement des combustibles irradiés seraient soumis à un risque de perforation ou d’effondrement de leur structure. Ces piscines, qui contiennent souvent plus de combustibles radioactifs que les réacteurs eux-mêmes, peuvent être à l’origine d’un accident nucléaire majeur. En Suisse l’IFSN avait testé l’impact qu’aurait une chute d’avion sur les centrales nucléaires, mais en enjolivant les hypothèses étudiées,  de façon à obtenir un résultat favorable à la poursuite de l’exploitation des installations de notre pays.

Les 34 réacteurs de 900 MW, ceux du Bugey, mais aussi ceux de Fessenheim, Gravelines, Dampierre, Blayais, Chinon, Saint-Laurent et Cruas, sont particulièrement vulnérables aux agressions extérieures en raison d’un confinement primaire en béton simple doublé d’une paroi métallique intérieure. Dans le cas de Fessenheim et du Bugey les risques concernent également la Suisse. Si un accident majeur y survenait la contamination radioactive toucherait la partie occidentale de notre pays, qui est très densément peuplée. 

Vidéo

Greenpeace France publie aussi une vidéo inédite montrant des images aériennes de l’usine de retraitement de la Hague. Ces images, tournées en novembre 2011 par un engin volant équipé d’une caméra, sont une autre preuve que rien n’a été fait pour prendre sérieusement en compte la menace d’une attaque aérienne sur les installations nucléaires françaises. Sur le site de la Hague, sont stockés plus de 10’000 tonnes de combustibles irradiés dans des piscines de refroidissement, ainsi que 64 tonnes de plutonium. Une partie de ces déchets sont issus de centrales nucléaires suisses. Ces matériaux hautement radioactifs ne sont protégés que par des bâtiments simples sans renforcement spécifique contre la menace aérienne.