Selon les informations fournies par l’Autorité du sûreté nucléaire mercredi 5 septembre dernier : « Lors d’une manipulation d’eau oxygénée, produit chimique non radioactif, un déversement a provoqué un dégagement de vapeur, qui a déclenché les capteurs de détection incendie. Conformément à la convention entre les services publics et la centrale, les pompiers ont été dépêchés sur place. Il n’y a pas eu d’incendie. »


(Image d’archives) ©Greenpeace

Pourtant, à 16h30, les premières informations faisaient état d’un incendie chimique et de plusieurs blessés graves à la centrale. L’alarme incendie s’est activée vers 15h, dans un bâtiment connexe aux deux réacteurs, situé en zone nucléaire. Au cours de l’après-midi, des informations contradictoires n’ont cessé de circuler, alors que les canaux d’information des autorités ou de l’opérateur restaient très silencieux. Notons que le ministère de l’environnement a communiqué extrêmement rapidement, avec des propos très rassurants, mais sans donner de détails sur l’incident.

Il est essentiel qu’une information claire et transparente soit diffusée en temps réel en cas d’incident, même jugé mineur, sur une installation nucléaire. Il est indispensable que les riverains soient tenus au courant de la situation, et que les autorités de sûreté informent de manière transparente. Car l’objectif n’est pas celui de communiquer pour rassurer. C’est d’informer, afin que les citoyens puissent se faire une idée précise de la situation. Cet incident a eu lieu le jour même de la rencontre de représentants des associations antinucléaires alsaciennes au ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, avec pour objectif de repartir avec un calendrier précis de la fermeture de la centrale de Fessenheim, annoncée par François Hollande.

La centrale de Fessenheim est la plus ancienne du parc nucléaire français, promise par le candidat Hollande à la fermeture d’ici à 2017. Sa construction a commencé en 1970 et elle a été mise en service en 1977, pour un fonctionnement prévu à l’origine d’une durée de30 ans. Le 25 avril dernier, elle a déjà été le théâtre d’un incendie. Il s’agissait d’un départ de feu sur l’alternateur du réacteur n°2. Les travaux en question doivent être effectués par EDF avant juillet 2013 sans quoi l’ASN fermera le site pour des raisons de sûreté. Mais leur coût est absolument prohibitif! Le sénateur du Haut-Rhin Jean-Marie Bockel, interrogé par l’AFP a évoqué des investissements de l’ordre de 200 millions d’euros. Alors qu’EDF les évalue à € 20 millions.

Rappelons que lors de son audition par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale début Juillet, Jacques Repussard, directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), a quant à lui expliqué que « si une pollution du Rhin survenait à la suite d’un accident à Fessenheim », sans même parler de catastrophe avec des conséquences humaines, « le coût serait gigantesque pour le pays ». Pour les pays voisins, comme la Suisse, également. La ville de Bâle se situe à moins de 50 Km de la centrale.

Lors de la campagne présidentielle de 2012, le candidat Hollande avait promis de fermer cette centrale vieillissante avant la fin de son mandat. Il serait bien avisé de réaliser cette promesse immédiatement. Les 14 et 15 septembre prochains se tiendra la conférence environnementale voulue par le président nouvellement élu, une bonne occasion de mettre enfin la France sur la voie de la transition énergétique.