Le gouvernement japonais a annoncé vendredi 14 septembre dernier l’arrêt progressif de la production nucléaire d’ici 18 ans, dix-huit mois après l’accident de Fukushima. Le gouvernement suit ainsi l’avis exprimé lors des manifestations monstre de cet été et partagée par la majorité de la population: la menace que le nucléaire fait peser sur l’Archipel est inacceptable. Seule la chute du gouvernement actuel et un changement de premier ministre pourrait changer cette décision, mais il n’y a guère que les milieux économiques pour souhaiter un tel scénario.


Le Japon devient ainsi le troisième pays à annoncer une sortie du nucléaire. ©Greenpeace/Sutton-Hibbert

Le Japon devient ainsi le troisième pays, après l’Allemagne et la Suisse à annoncer une sortie du nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima. Un revers de plus pour une industrie déjà bien moribonde, cette décision confirme que le nucléaire est en déclin.

C’est bel et bien une transition énergétique qu’amorce le Japon. Car le pays prend également une longueur d’avance en matière d’efficacité énergétique. Le 7 septembre dernier, le gouvernement japonais annonçait la fin des mesures d’économie d’énergie mises en œuvre afin d’éviter que le pic de consommation dû à l’utilisation massive de climatiseurs pendant les chauds mois d’été n’entraîne des pannes de courant. L’été est aujourd’hui terminé, sans black-out et sans pannes d’électricité, malgré la fermeture de pratiquement l’ensemble de la capacité de production nucléaire du pays.

La décision prise le 14 septembre dernier aura également des conséquences en Suisse. La fin du programme nucléaire japonais met à mal le retraitement des déchets nucléaires. Le Japon est un des plus gros clients pour les combustibles issus du retraitement dans les usines de la Hague et de Sellafield. Cette filière risque bien de ne plus jamais être rentable. La fermeture de l’usine Thorp de Sellafield, plusieurs fois reportée, pourrait enfin se concrétiser. En Suisse, un moratoire sur la pratique du retraitement court jusqu’en 2016. La décision prise par le gouvernement japonais rend improbable un retour de la Suisse dans la filière du retraitement – cela isolerait complètement le pays. C’est une autre raison de se réjouir.