Répondant à l’appel de Contratom, Sortir du Nucléaire et de Greenpeace Suisse, plusieurs dizaines de personnes se rassemblent aujourd’hui, depuis 12h00, devant le consulat du Japon à Genève. Ils entendent témoigner leur solidarité envers les victimes de la catastrophe du 11 mars 2011. Une lettre adressée au premier ministre japonais, a été remise au Consul du Japon à Genève. Les organisations signataires supplient le gouvernement japonais de maintenir les centrales nucléaires définitivement à l’arrêt.


Plusieurs orateurs se sont succédés à la tribune afin de faire entre raison aux autorités japonaises. ©Greenpeace/VanAsparen

Ce rassemblement se tient avant tout pour permettre aux personnes présentes de manifester leur solidarité avec les victimes de Fukushima. Deux ans après le début de la catastrophe, les conditions d’existence des 160’000 personnes contraintes au départ sont toujours extrêmement difficiles. La Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a reconnu la situation à Fukushima comme une crise humanitaire en cours en octobre dernier.

M. Tatsunori Ishida, le consul du Japon à Genève a accepté de recevoir la lettre que les organisations antinucléaires ont adressée au nouveau premier ministre japonais, M. Shinzo Abe. Le texte enjoint le gouvernement japonais nouvellement élu à maintenir le cap de la sortie du nucléaire décidée en septembre 2012 par le gouvernement précédent et à ne pas céder face à la volonté affichée par certains groupes d’intérêt de relancer le nucléaire au Japon.

A l’heure actuelle, la nouvelle autorité japonaise de surveillance du nucléaire définit des normes de sécurité pour les réacteurs,  basées sur les conclusions qu’elle tire de la catastrophe de Fukushima. Les centrales nucléaires du pays ne pourront être relancées qu’après avoir satisfait à ces directives. Or on peut se demander sur quelles bases celles-ci ont pu être définies. Il est à l’heure actuelle toujours impossible de s’approcher du confinement des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima. Ce qui signifie qu’il est impossible de déterminer les causes techniques exactes de l’accident nucléaire. « Le but poursuivi par l’autorité de surveillance semble plutôt  être de rassurer la population face à l’éventualité d’une relance du nucléaire au Japon », déclare Mathias Schlegel de Greenpeace Suisse.  

Les défaillances humaines et organisationnelles qui ont amené au désastre de Fukushima sont, quant à elles, connues et documentées. La collusion entre l’autorité de surveillance japonaise, le gouvernement et l’opérateur TEPCO a été dénoncée en juillet dernier dans un rapport accablant rédigé  par une commission parlementaire indépendante et reconnue en décembre par TEPCO elle-même. Pourtant, les conclusions du rapport parlementaire sont à peine évoquées par la nouvelle autorité de surveillance dans le cadre de la définition des nouvelles normes de sécurité.

Il est également inquiétant de voir l’empressement du gouvernement japonais pour réenclencher les réacteurs à l’arrêt alors que la situation de la centrale de Fukushima n’est pas encore maitrisée. De la radioactivité continue de s’échapper de la centrale. La piscine de stockage du réacteur 4, qui contient 264 tonnes de combustible nucléaire menace toujours le Japon. Elle sera vidée de son contenu au plus tôt à la fin de l’année. Les informations diffusées par TEPCO sont lacunaires. On ne sait rien de la situation sanitaire des personnes travaillant sur place.

« Vouloir relancer le programme nucléaire japonais dans de telles conditions est criminel » affirme Pierre Vanek de Contratom. « La décision prise par le gouvernement précédent, de sortir le japon du nucléaire d’ici à 2040 ne doit en aucun cas être remise en question. La seule priorité du gouvernement japonais doit être la protection de la population. »