Une majorité simple d’Etats membres de l’UE a voté hier pour interdire pendant deux ans l’utilisation de pesticides tueurs d’abeilles produits par Bayer et Syngenta sur les cultures de colza, de maïs, de tournesol et de coton. En Suisse, l’office de l’agriculture a également annoncé une suspension qui va moins loin et dont l’entrée en vigueur serait prévue pour cet automne.


©Greenpeace/Beentjes

Greenpeace salue l’annonce de l’Office fédéral de l’agriculture qui se dit prêt à mettre en place des restrictions sur l’imidaclopride et la clothianidine de Bayer, ainsi que le thiamethoxame du groupe agrochimique bâlois Syngenta. A l’instar de l’UE, les autorités suisses veulent interdire l’utilisation de ces trois pesticides nicotinoïdes, cependant seulement sur les cultures de maïs et de colza.

L’usage de ces pesticides joue un rôle dévastateur dans le déclin des abeilles à partir de très faibles doses déjà. Cette interdiction constitue donc un premier pas dans la bonne direction pour protéger les insectes pollinisateurs et ainsi la production alimentaire en Suisse et dans le reste de l’Europe.

« La déclaration d’intention de l’OFAG est très bienvenue. Notons toutefois que la protection des abeilles dépend entièrement de la mise en œuvre de ces promesses qui ne sont pas encore bien définies pour le moment. », explique Marianne Künzle, chargée de campagne agriculture pour Greenpeace Suisse.

Les pesticides neonicotinoïdes en question comptent parmi les plus nocifs pour les abeilles. Ces produits sont utilisés soit pour enduire les semences soit pour arroser les plantes. D’importantes études de l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) ainsi qu’une étude publiée mi-avril par Greenpeace prouvent qu’outre des symptômes d’empoisonnement aigu une faible dose suffit déjà pour provoquer des problèmes de vol et de navigation chez les abeilles, réduire leur capacité de reproduction et de recherche efficace de nourriture; elle rend aussi les essaims plus sensibles aux maladies et aux parasites.

Syngenta a pratiqué un lobbyisme extrêmement agressif contre cette interdiction en se servant d’arguments insoutenables; la multinationale a ainsi prétendu que cette interdiction réduirait les récoltes de 40% et affirmé que le varroa (un acarien parasite) est la principale cause de la mort des abeilles. Syngenta feint d’ignorer qu’il y a d’autres façons de lutter contre les parasites, qu’en Italie l’interdiction de longue date du thiamethoxame n’a pas provoqué de chute de la récolte de maïs, que le recul de la pollinisation par les abeilles provoquerait chaque année des pertes de 18 à 26 milliards de francs suisses dans l’agriculture et que si le varroa provoque la mort d’abeilles, il n’en est de loin pas la seule cause.

Il y a urgence à changer de modèle agricole. L’agriculture industrielle avec ses pratiques stardardisées met en danger la biodiversité. Il est impératif que la Suisse comme l’Union européenne augmentent les crédits en faveur de la recherche, du développement et de l’application de pratiques agricoles écologiques afin que les agriculteurs de toute l’Europe puissent choisir un modèle pérenne, sain et viable économiquement.


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