« En tant que Président, de père de famille et en tant qu’américain, je suis venu vous dire que nous devons agir. Je refuse de condamner votre génération et celles du futur à vivre sur une planète que l’on ne peut plus réparer. C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui un nouveau plan national pour le climat. Et je suis ici aujourd’hui pour demander l’aide de votre génération afin de faire des États-Unis un leader- un leader global – dans la lutte contre le changement climatique » Voici ce que déclarait Barack Obama le 25 juin dernier devant un parterre d’étudiants de l’université de Georgetown.


Vue aérienne de la mine à ciel ouvert, au sommet de la montagne Cherry Pond, dans l’état de Virginie. ©Greenpeace/Payne

Il était grand temps d’entendre une telle déclaration d’intention de la part d’un président Étatsunien. L’année dernière fut  la plus chaude jamais enregistrée aux Etats-Unis. Les ouragans et tempêtes ont causé pour plus de 100 milliards de dollars de dégâts. Les feux de forêt observés dans les états de l’ouest ont brûlé une surface supérieure à celle de l’état du Maryland. Et le Midwest, le grenier à grain du pays, a subi coup sur coup une sécheresse et des épisodes pluvieux encore jamais vu dans l’Histoire et dont les conséquences furent désastreuses pour l’agriculture.

Faut-il alors espérer une rupture avec la position des administrations précédentes sur la question de l’énergie? Certains éléments du plan permettent de l’espérer. Barack Obama brise en tout cas un premier tabou. Il envisage de fixer des normes très exigeantes pour les centrales électrique fonctionnant à base d’énergies fossiles, qu’elles soient planifiées ou existantes. Il n’y avait auparavant aucune norme pour ces installations. En ce qui concerne l’électricité, le but  est d’arriver à 20% de production issu d’agents renouvelables dans les 7 prochaines années. Un objectif ambitieux lorsqu’on sait que pour l’heure les centrales nucléaires et les installations fonctionnant au pétrole, au charbon, et au gaz en couvrent près de 90%. D’autant plus ambitieux que le président est seul dans sa croisade. Les membres du Congrès sont en majorité hostiles à la mise en œuvre de politiques ambitieuses en matière de climat.

Obama a également déclaré que le pipeline Keystone XL, censé transporter le pétrole issu des sables bitumineux du Canada au Texas ne se fera que si son impact sur les émissions de gaz à effet de serre reste neutre. Ce qui est impossible. Une telle déclaration devra également avoir des conséquences pour les autres hydrocarbures non conventionnels utilisés aux États-Unis. L’exploitation des réserves de l’Arctique, les hydrocarbures de schiste, ou la prospection de charbon par la technique du « Mountain Top Removal », ont tous un impact désastreux sur le bilan carbone du pays.

Il subsiste toutefois des zones d’ombre dans ces déclarations d’intentions. L’Agence de protection de l’environnement doit fixer de nouveaux critères pour les centrales électriques d’ici à 2015 et rien ne garantit qu’elles soient suffisamment sévères. De plus l’objectif affiché, de réduire d’ici à 2020 les émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport au niveau de 2005, n’est qu’une reprise d’une promesse déjà faite en 2009. Pire, Obama ne dit rien sur ce qu’il se passera après 2020, alors qu’il s’agit là d’un enjeu fondamental des discussions en cours sur la question. Le président étatsunien devra en annoncer plus s’il souhaite devenir un acteur crédible au niveau international.

Il faudra donc attendre de voir comment se concrétisera ce plan d’action. Mais on ne peut que se réjouir de l’ambition affichée par M. Obama de faire de son pays un leader global sur la question. Sans une évolution profonde et durable aux États-Unis, la lutte contre les changements climatique est une guerre perdue d’avance.

Le discours de M. Obama se termine par les mots suivants: « Un jour nos enfants, et les enfants de nos enfants nous regarderont dans les yeux et nous demanderont si nous avons fait tout ce que nous pouvions lorsque nous en avions l’opportunité face à ce problème, afin de leur laisser une planète plus propre, plus sûre et plus stable? Et je veux être capable de leur répondre oui. N’est-ce pas ce que vous voulez également? » C’est exactement ce que nous voulons.