Depuis le 11 mars 2011, pas un jour ne passe sans qu’un nouvel incident, une nouvelle fuite, un nouveau pic de radioactivité ou un nouveau risque ne soit détecté à la centrale accidentée de Fukushima Daiichi. Malgré la volonté de dissimulation de Tepco, les informations sortent, même si c’est parfois avec un terrible retard.


26.05.2013: Action de protestation devant le siège de Toshiba (Tokyo/Japon) ©Greenpeace/Noda

Manifestement agacé par la non-gestion de la catastrophe par l’opérateur de la centrale, le premier ministre japonais a promis le 3 septembre dernier de mettre en œuvre “rapidement” un plan d’action de 47 milliards de Yen – plus de 444 millions de CHF – pour “résoudre de façon radicale les ennuis à Fukushima”. Le gouvernement japonais avait déjà réagi le 7 août dernier, en annonçant qu’il allait allouer un budget consacré à la recherche et au développement de solutions techniques. C’est donc toujours la population japonaise qui porte seule la charge financière de cette catastrophe, les industriels du nucléaire refusant d’assumer leur responsabilité.

Parmi les mesures prévues, le gouvernement annonce la construction d’un mur de glace souterrain d’1,4 km de long autour des réacteurs. Une technique totalement expérimentale, sans précédent et très onéreuse. Ce mur n’est évidemment pas suffisant pour répondre totalement à l’urgence. Le plan d’action a été décidé lors d’une discussion à huis-clos, à partir des seules informations données par Tepco. En outre, les événements les plus récents, tel que les fuites des réservoirs d’eau au sol, n’ont pas encore été traités.

Au total, la compagnie doit déjà faire face à quelque 400’000 tonnes d’eau polluée enfouie dans le sous-sol ou stockée dans des réservoirs, un volume qui augmente chaque jour de 400 tonnes, sans compter les 300 tonnes environ qui filent quotidiennement en mer. Après des bassins de rétention qui ne sont pas étanches, Tepco a découvert un réservoir cylindrique de 1’000 tonnes au tiers vidé, une fuite encore inexpliquée mais déjà qualifiée de « grave » par l’autorité nucléaire.

Une semaine après cette annonce, Tokyo était choisie par le Comité International Olympique (CIO) pour accueillir les jeux olympiques de 2020. L’annonce du gouvernement a donc également eu un effet rassurant lui permettant de devancer Madrid et Istanbul dans la course finale. Une opération de communication rondement menée à laquelle a même pris part la princesse Hisako Norihito de Takamado. Tokyo est situé à 230 kilomètres de Fukushima. La candidature de la capitale japonaise est intervenue en Juillet 2011, quelques semaines après le séisme et le tsunami, alors que la catastrophe nucléaire avait déjà démarré.

Aujourd’hui, le seul réacteur nucléaire en fonctionnement est le réacteur n°4 de la centrale d’Ohi. Les autorités japonaises doivent impérativement élaborer une politique claire, entièrement portée sur la gestion de l’eau radioactive à Fukushima, avec un plan de long terme accompagnant une sortie du nucléaire. Greenpeace continue de demander au Japon de faire appel à l’expertise internationale afin de trouver des solutions. « Il est indispensable de coopérer avec des organismes et des experts étrangers » c’est ce que déclarait Takuya Hattori, ex-directeur du site nucléaire Fukushima-Daiichi et actuel président du Forum des industriels japonais de l’énergie atomique, le 4 septembre dernier.