Ce matin, plus de 60 militants de 14 nationalités (allemande, française, hollandaise, belge, suisse, italienne, polonaise, tchèque, suédoise, autrichienne, slovène, turque, australienne et israélienne) manifestent en occupant Fessenheim, la plus vieille centrale française, pour dénoncer le risque que fait courir le nucléaire français à l’Europe entière, et pour rappeler l’impérative nécessité d’une vraie transition énergétique en France. Certains de ces militants ont déployé une banderole indiquant « Stop risking Europe » (Cessez de mettre l’Europe en danger) à côté du dôme du réacteur n°1 sur lequel se trouve une demi-douzaine de militants. D’autres militants sont sur la piscine de ce même réacteur.


A Fessenheim comme ailleurs, la fermeture est urgente. ©Greenpeace/Stachowske

Deux jours avant le sommet des chefs d’Etats européens qui doit décider ce jeudi 20 mars de l’avenir de l’énergie en Europe, les citoyens européens demandent à François Hollande et Angela Merkel d’engager leur pays et l’Europe entière dans une vraie transition énergétique, débarrassée du risque nucléaire et basée sur les renouvelables.

La France et l’Allemagne doivent imposer en Europe un objectif contraignant pour les Etats membres de 45% d’énergie renouvelable d’ici à 2030. Parallèlement, pour stopper le risque nucléaire qui s’aggrave avec le vieillissement des centrales, une durée d’exploitation maximale de 40 ans doit être fixée pour les réacteurs nucléaires en France et en Europe.

« Les centrales nucléaires vieillissantes en France, les centrales à charbon en Allemagne et à l’est de l’Europe doivent être abandonnées au profit d’un développement massif des énergies renouvelables partout en Europe », explique Cyrille Cormier, chargé de campagne Énergie pour Greenpeace France. « C’est la seule option pour mener une vraie transition énergétique créatrice d’emplois et économiquement bénéfique. »

Les réacteurs de la centrale de Fessenheim ont 37 ans. Fessenheim est située à proximité des frontières suisse et allemande, dans une zone exposée aux risques sismiques et d’inondation, et connaît de sérieux problème de sûreté. Plus de 7 millions de personnes vivent à moins de 100 km et seraient affectées en cas d’accident majeur.

« La centrale de Fessenheim est un symbole », analyse Cyrille Cormier. « Sa fermeture annoncée ne doit être que le début d’une série de nombreuses fermetures de réacteurs en Europe pour limiter les risques, accidentels et financiers, liés au vieillissement et pour enfin lancer la transition énergétique. »

Sur les 151 réacteurs en fonctionnement en Europe, 66 ont plus de 30 ans et 7 ont été mis en service il y a plus de 40 ans, parmi lesquels on retrouve 3 réacteurs suisses: Beznau 1 & 2 et Mühleberg. En mars dernier, Greenpeace a publié un rapport commandé à des experts indépendants qui montre comment le vieillissement des réacteurs nucléaires entraîne l’Europe au seuil d’une nouvelle ère de risques. Depuis 13 jours, les citoyens européens peuvent s’informer sur le problème et se mobiliser sur le site: www.out-of-age.eu

En France, 80% des réacteurs nucléaires atteindront 40 ans entre 2017 et 2027. « La meilleure manière pour François Hollande de tenir sa promesse de réduire à 50% la part du nucléaire est de fixer à 40 ans la limite d’âge des réacteurs dans le cadre de la future loi sur l’énergie » , conclut Cyrille Cormier.