Les chaussures de football et les gants de gardiens de but des collections spéciales Mundial d’Adidas, de Nike et de Puma, ainsi que le ballon « Brazuca » contiennent une large palette de produits chimiques dangereux. C’est ce que montrent les dernières analyses mandatées par Greenpeace sur 33 produits vendus avant la prochaine Coupe du Monde 2014. Dans les pays où ils sont fabriqués, la production de ces articles pollue les lacs et les rivières et porte atteinte à la santé des hommes et des animaux.

Greenpeace exige d'Adidas et Nike qu'ils mettent tout en œuvre pour tenir leurs engagements "Detox. ©Greenpeace/Lee


Greenpeace exige d’Adidas et Nike qu’ils mettent tout en œuvre pour tenir leurs engagements « Detox. ©Greenpeace/Lee

Dans les échantillons analysés, des laboratoires indépendants ont trouvé des polluants tels que le perfluorocarbure (PFC), des éthoxylates de nonylphénol (NPE), des phtalates et du diméthylformamide (DMF). Une partie de ces substances perturbe le système hormonal, nuit à la reproduction ou est cancérigène. Les chaussures et les gants de la marque Adidas sont particulièrement concernés. Le plus fort taux de PFC a été analysé dans une paire de chaussures « Predator » achetée en Suisse. Il dépassait de 14 fois la valeur limite fixée par Adidas.

« Adidas équipe certains des meilleurs footballeurs de notre époque et prévoit un chiffre d’affaires record de deux milliards d’euros sur ses produits dédiés à la Coupe du Monde. Ce que l’entreprise ne dit pas à ses fans, c’est que ses chaussures et ses gants sont toujours contaminés par des produits chimiques dangereux – il est temps d’infliger un carton rouge à Adidas », déclare Mirjam Kopp, chargée de campagne Chimie de Greenpeace Suisse.

Les analyses de 17 des 21 chaussures de foot et de la moitié des gants de gardiens contiennent des PFC ioniques dont de l’acide perfluorooctanique (PFOA) particulièrement dangereux. Dans ce classement affligeant, la chaussure « Tiempo » de Nike prend la deuxième place derrière la « Predator » d’Adidas; elle contient 5,93 microgrammes de PFOA par mètre carré. Le gant « Predator » contient aussi des concentrations de cette substance qui dépasse les valeurs limites fixées par Adidas.

Le ballon officiel du Mondial, le « Brazuca », contient des éthoxylates de nonylphénol (NPE). Ce produit chimique se dégrade en nonylphénol qui est toxique pour les organismes aquatiques et perturbe le système hormonal. Deux tiers des chaussures de foot et la moitié des gants analysés contiennent du NPE.

Les laboratoires ont trouvé des plastifiants (phtalates) et du diméthylformamide (DMF) dans les 21 chaussures analysées. Le DMF est utilisé comme solvant dans la production de chaussures. Il est en particulier considéré comme nocif pour la reproduction et mauvais pour la santé par contact cutané.

Malgré leurs engagements Detox, Adidas et Nike n’en ont pas fait assez pour renoncer aux substances chimiques toxiques. L’industrie textile empoisonne les eaux des pays de production tels que la Chine, le Pakistan et le Mexique. Près de deux tiers des eaux chinoises sont contaminées par des produits chimiques nocifs pour la santé et l’environnement.

Mais des analyses mandatées par Greenpeace montrent régulièrement qu’Adidas et Nike ne font que se cacher derrière les promesses couchées sur le papier des fabricants groupés sous le nom « Zero Discharge of Hazardous Chemicals » (ZDHC). Pendant ce temps, Mango et Coop ont déjà amorcé leur décontamination. « Au nom des fans et des populations touchées par la pollution des eaux, nous exigeons qu’Adidas et Nike déterminent un échéancier précis pour cesser d’utiliser des PFC et révèlent publiquement quels produits chimiques ils déversent dans les eaux », déclare Mirjam Kopp.