Dans le cadre de l’examen du premier train de mesures de la stratégie énergétique 2050, la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national (CEATE-N) a défini une révision de la Loi sur l’énergie nucléaire (LENu). La commission manque l’occasion d’imposer une limitation contraignante de la durée d’exploitation des réacteurs nucléaires. Les centrales suisses, dont certaines sont parmi les plus vétustes de la planète, pourront continuer de fonctionner jusqu’en 2050, voir au delà.


(27.08.2014) Action des militants Greenpeace pour dénoncer les risques que représentent l’exploitation du plus ancien réacteur de la planète. ©Greenpeace/Schmutz

« Le fait d’avoir à envisager que des réacteurs nucléaires pourront fonctionner pendant 60 ans, voir plus, est inacceptable. Cette situation met en danger la population », déclare Florian Kasser, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace Suisse. Pour que la sortie du nucléaire devienne enfin tangible, Greenpeace demande au Conseil national de faire demi-tour. « Il doit y avoir une durée maximale de fonctionnement contraignante pour les centrales nucléaires et les réacteurs de Beznau et de Mühleberg doivent être mis à l’arrêt immédiatement. »

Malheureusement, la proposition présentée aujourd’hui est largement insuffisante pour Greenpeace, et ce pour les raisons suivantes:
– Le concept d’exploitation à long terme est un concept trop vague. La sécurité devrait augmenter, mais il n’est pas encore clair comment cette exigence sera concrétisée. Il y a fort à parier que des rééquipements essentiels ne seront pas réalisés durant les dernières années d’exploitation, comme on peut le voir actuellement avec la centrale de Mühleberg.
– Le danger augmente pour la population. Les centrales étaient conçues pour fonctionner 40 ans. Le Conseil fédéral avait basé sa stratégie sur un arrêt après 50 ans d’activité, ce que la CEATE-N soutenait encore l’an dernier. La proposition actuelle rend possible une exploitation à durée indéterminée, ce qui pourrait renvoyer la sortie du nucléaire aux calendes grecques.
– La Commission traite toutes les centrales de la même manière.  Elle se refuse ainsi à reconnaître que les centrales de Beznau et de Mühleberg connaissent un niveau de sécurité bien inférieur à ce qui est observé à Gösgen et à Leibstadt et qu’aucune mesure de rééquipement ne saurait remédier aux effets que le vieillissement a sur les réacteurs nucléaires. Les réacteurs vétustes des centrales de Beznau et de Mühleberg reçoivent une carte blanche jusqu’à leur cinquantième année de service. Le réacteur numéro 1 de la centrale de Beznau fêtera ses 45 ans le 1er septembre prochain et est d’ores et déjà le réacteur le plus ancien de la planète.
– L’absence de limitation contraignante de la période de service des réacteurs nucléaires est un obstacle à la planification de la transition énergétique. Pour réaliser l’essor des énergies renouvelables il faut définir des conditions cadre claires sur le long terme.