Il y a un an jour pour jour, le Japon mettait à l’arrêt le dernier réacteur encore en fonctionnement dans le pays (Ohi 4, dans la préfecture de Fukui). Depuis, la totalité du parc nucléaire du Japon est à l’arrêt. Le Japon est la 3ème puissance économique mondiale. Avec 130 millions d’habitants et 48 réacteurs nucléaires, il est l’un des pays les plus nucléarisés au monde, devancé uniquement par les États-Unis et la France.


©Greenpeace/Sutton-Hibbert (Archives)

Bien que tous ses réacteurs soient à l’arrêt depuis 12 mois, le Japon n’a déploré aucune panne générale d’électricité, ni de baisse de tension. Les efforts réalisés par la population en matière d’efficacité énergétique et d’économies d’énergie se sont traduits par une baisse de la demande en électricité équivalant à la production de 13 réacteurs nucléaires. Dans le même temps, les Japonais font de plus en confiance au photovoltaïque. 23’000 foyers installent des panneaux solaires chaque mois. L’essor est massif et rapide dans le pays: en 2013, le Japon est devenu le 2ème marché dans le monde, derrière la Chine.

Il est impossible pour un pays qui a construit sa politique énergétique sur les combustibles fossiles et le nucléaire pendant un demi-siècle,  de réaliser une transition énergétique du jour au lendemain. Mais contrairement aux idées reçues, les émissions de CO2 n’ont pas explosé à cause de la mise à l’arrêt des réacteurs nucléaires japonais. C’est-à-dire que l’augmentation des émissions a continué à se poursuivre, mais cela n’est pas à mettre sur le compte de l’arrêt du nucléaire. L’augmentation était de 8% entre 2010 et 2012, puis de 7% entre 2012 et 2014. D’ici à 2020, les renouvelables pourraient fournir plus de 40% de l’électricité du pays, d’après le scénario établi par Greenpeace Japon.

Au Japon, l’industrie nucléaire  s’est effondrée. Si elle était déjà en déclin au niveau mondial avant Fukushima, l’impact de la catastrophe a accéléré la tendance et dopé la croissance des renouvelables. Dans les sondages, les Japonais se prononcent en majorité contre la remise en service des réacteurs. Les efforts du gouvernement conservateur de M. Abe pour remettre le nucléaire rapidement sur les rails ont jusqu’ici échoué. Le redémarrage des deux premiers réacteurs sur la liste (ceux de Sendai, dans la province de Kagoshima) fait face à de nombreux obstacles liés, notamment,  à des risques sismiques et volcaniques. Les riverains de Sendai se sont tournés vers la justice pour demander une injonction contre l’exploitant (Kyushu Electric) et le gouvernement, et les empêcher de rouvrir le site nucléaire.