Selon le dernier rapport des experts du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publié dimanche, il ne reste que « peu de temps » pour agir pour le climat. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître d’ici à 2100. Le message est donc clair: seul un essor rapide des énergies renouvelables permettra de limiter les effets du changement climatiques et d’éviter un scénario catastrophe.


Le solaire pourrait devenir la première source d’énergie mondiale d’ici à 2050. ©Greenpeace/Scheu

Le rapport produit dimanche par le GIEC est une évaluation globale de l’état des connaissances sur le changement climatique, la 5e après celles de 1990, 1995, 2001 et 2007. Ce document est la base sur laquelle les États élaborent leurs politiques climatiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les conclusions sont alarmantes.

Fonte des glaces de l’Arctique, recul des glaciers, augmentation des épisodes météorologiques extrêmes, inondations et sécheresse: les effets du changement climatique sont d’ores et déjà visibles dans le monde entier. Les scientifiques ont identifié des « points de basculement », c’est-à-dire des seuils de réchauffement qui, une fois atteints, peuvent déclencher des changements au niveau de certaines composantes majeures du système climatique. Ainsi, bien que les émissions augmentent progressivement, les conséquences des changements climatiques pourraient se manifester par un basculement « brutal ». Si nous tardons à réduire nos émissions, certains de ces « basculements » seront irréversibles ou difficiles à inverser.

Plus de 80% des émissions de GES proviennent de notre utilisation de combustibles fossiles (principalement du charbon, du pétrole et du gaz naturel). La logique est implacable: pour se débarrasser des émissions, il faut commencer par se débarrasser des combustibles fossiles. Le GIEC l’affirme: si nous voulons éviter un emballement du climat, nous devons transformer l’ensemble de notre système énergétique et apprendre à nous passer progressivement des énergies conventionnelles telles que le charbon, le pétrole et le gaz. Pourtant, les émissions de GES ne cessent de croître: entre 2000 et 2010, elles se sont accélérées à un rythme record.

Heureusement tous les indicateurs ne sont pas au rouge, et certaines nouvelles sont même très réjouissantes. Aujourd’hui, un 1/5 de l’énergie produite dans le monde provient de sources renouvelables. Les renouvelables connaissent une progression fulgurante et deviennent de plus en plus abordables. L’énergie éolienne est désormais la nouvelle source d’électricité la moins chère sur de nombreux marchés, tandis que les prix du solaire photovoltaïque ont baissé de 80% depuis 2008, et devraient continuer de diminuer. Entre 2005 et 2012, l’éolien a été multiplié par cinq et le solaire par 25. À ce rythme, le solaire pourrait devenir la première source d’énergie mondiale d’ici à 2050! La transition énergétique est donc déjà en marche, mais il est nécessaire de l’accélérer. Les gouvernements doivent davantage améliorer la rentabilité des investissements dans les sources d’énergies vertes et propres, par rapport aux combustibles fossiles.

La Suisse doit se montrer ambitieuse
La protection du climat doit dépasser les frontières; elle est donc de la responsabilité de tous les Etats. La Suisse peut jouer un rôle important dans la lutte globale pour la préservation du climat. Malheureusement, au printemps dernier, la Suisse a sciemment ignoré les recommandations du GIEC, en fixant un objectif de réduction de 20% des émissions de CO2 d’ici à 2020, ce qui est largement insuffisant.

Le Conseil fédéral doit donc revoir sa copie et définir la politique climatique de la Suisse en donnant enfin plus d’importance aux enseignements des scientifiques du GIEC qu’aux intérêts économiques des lobbys des énergies fossiles. Notre pays doit se fixer comme objectif d’obtenir un approvisionnement en énergie uniquement basé sur les renouvelables et débarrassé des GES d’ici à 2050. Le scénario Energy [R]evoution Suisse, publié en 2013 par Greenpeace démontre que cet objectif est atteignable. Il est désormais soutenu par la cinquantaine d’organisations membres de l’Alliance climatique.

Vous pouvez vous aussi exiger du Conseil fédéral qu’il se fixe une politique ambitieuse en soutenant la pétition de l’Alliance climatique.