Du 24 au 29 novembre 2014, la Suisse romande a été le témoin d’une série d’événements publics. Greenpeace et Sortir du nucléaire ont organisé des conférences dans 5 villes des cantons de Fribourg, Vaud, Neuchâtel et Jura. Samedi 29 novembre, Independent WHO animait à Genève le « Forum scientifique et citoyen sur les effets génétiques des rayonnements ionisants ».

Pour cette série de conférences intitulées « Centrales nucléaires: quels dangers pour la population romande? », la Suisse romande a accueilli Yannick Rousselet. Il est une figure historique de la lutte anti-nucléaire en France. Né à Cherbourg, près de la région de La Hague, Yannick a toujours été révolté par la violence et le caractère anti-démocratique de l’industrie nucléaire. Il a participé à tous les combats de Greenpeace France contre le nucléaire, civil et militaire, depuis les débuts de l’organisation. Lors de ses interventions, Yannick a rappelé qu’avant d’être synonyme de radioactivité, de retraitement et d’entreposage de déchets nucléaires, le nom de La Hague évoquait une région d’une beauté spectaculaire.

« L’une des choses qu’il faut régulièrement rappeler aux élus de la région, c’est la véritable durée de l’entreposage des matériaux nucléaires dans l’usine de La Hague », a expliqué Yannick Rousselet. « Selon les estimations de l’industrie nucléaire, il sera impossible de stocker le premier fût de déchets radioactifs finaux en couche géologique profonde avant 2075. Même avec le rythme annoncé pour le stockage de ces déchets, on sait déjà qu’une large part des barres de combustibles actuellement stockées à La Hague y seront encore au siècle prochain. »

Une remise en perspective de la problématique du nucléaire à laquelle s’est également livré un second intervenant, Philippe de Rougemont, secrétaire général de Sortir du nucléaire Suisse. « Contrairement à l’Ukraine et au Japon, la Suisse fait partie avec la Belgique, la Hollande et la Lituanie, d’un groupe particulier de pays où les centrales nucléaires sont présentes dans des zones densément peuplées. Un accident nucléaire mettrait ces pays à genou. »

Le public a manifesté son intérêt et a posé de nombreuses questions. La distribution des comprimés d’iode a souvent été évoquée, et notamment pour le complément d’informations que Greenpeace Suisse a fait parvenir à la population à mi-novembre. L’anecdote la plus savoureuse a été racontée par une jeune femme de La Chaux-de-Fonds. Employée dans un salon de coiffure, elle dit que le jour où elle a reçu la lettre de Greenpeace, elle l’a amenée sur son lieu de travail: le nucléaire était au centre de toutes les discussions. Ce jour-là, en plus d’être parfaitement coiffés, ses clients sont repartis convaincus qu’arrêter rapidement les réacteurs nucléaires de notre pays était la meilleure façon de garantir leur sécurité.

Il faut le rappeler, 11 réacteurs nucléaires menacent actuellement la population romande: 4 à la centrale du Bugey, située dans l’Ain et 2 à Fessenheim en Alsace, auxquels il faut ajouter les 5 réacteurs sur sol helvétique. Les effets d’un accident sur une seule de ces installations pourraient être dévastateurs pour la Suisse occidentale. Afin de mieux comprendre la nature sanitaire de ces conséquences, Independent WHO a réuni une demi-douzaine d’experts à Genève samedi 29 novembre, en vue d’aborder les effets génétiques des rayonnements ionisants. Ce forum, soutenu par Greenpeace Suisse, a pour vocation de mettre en lumière les enseignements des études indépendantes sur les conséquences sanitaires de la contamination radioactive, face à la chape de plomb imposée sur la recherche scientifique par l’alliance entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence internationale de l’énergie atomique depuis 1959.

Les présentations des experts s’articulaient autour de l’enseignement essentiel énoncé en 1956 par le groupe d’experts en génétique de l’OMS, qui comprenait H.J. Muller, lauréat du prix Nobel: « Le génome détermine la vie de nos descendants et le développement harmonieux des générations futures. En tant qu’experts, nous rappelons que la santé des générations futures est menacée par l’expansion de l’industrie nucléaire et l’augmentation de la quantité de sources radioactives. Nous considérons également que l’apparition de nouvelles mutations observées chez les personnes peuvent être fatales pour elles-mêmes et pour leurs descendants ».