Dans le cadre des discussions autour de la Stratégie énergétique 2050, le Conseil national a échoué à définir un plan clair pour la fin de l’activité des centrales nucléaires suisses. Pire encore: en renonçant à exiger une sécurité croissante pour les réacteurs, la chambre basse du parlement laisse se développer une expérimentation nucléaire irresponsable sur le dos de la population. C’est au Conseil des Etats de corriger le tir. Sans quoi, ce sera à la population de garantir elle-même sa protection.


Le Conseil national a échoué à définir un plan clair ©Greenpeace (Archives)

 En conclusion au marathon parlementaire concernant la Stratégie énergétique 2050, les Conseillers nationaux ont voté aujourd’hui au sujet du concept d’exploitation à long terme. Une motion, qui demandait une limitation de la durée de service pour les centrales les plus anciennes après 50 ans d’activité n’a pas trouvé de majorité. Ces centrales ne devront s’arrêter qu’après 60 ans. Ainsi, les exploitants de centrales nucléaires seront tenus de déposer un concept d’exploitation à long terme, qui devra être renouvelé tous les 10 ans, et garantir le maintien d’une marge de sécurité élevée. La première version, qui exigeait un renforcement de la sécurité, n’a pas été retenue. Cette dernière aurait au moins permis de forcer les exploitants à disposer de réserves suffisantes pour des travaux de sécurité. La version actuelle n’est qu’un tigre de papier.

Greenpeace Suisse est très critique envers cette décision. Les exploitants reçoivent un blanc seing pour continuer d’exploiter leurs centrales pendant encore des décennies. « La sortie nucléaire telle qu’elle a été définie par le Conseil national n’en porte que le nom », déclare Florian Kasser, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace Suisse. A chaque jour qui passe, les centrales de Mühleberg et de Beznau deviennent plus dangereuses. « C’est tout à fait irresponsable de ne pas exiger un renfordement de la sécurité dans ces conditions. Une limitation à 60 ans de la durée de service des installations les plus vieilles est également totalement insuffisante ». Aujourd’hui, le Conseil national s’est mis à genoux devant les exploitants des centrales.

Il reste l’espoir, que le Conseil des Etats prendra plus au sérieux le besoin de sécurité de la population. Il faut au minimum remettre l’exigence de renforcement de la sécurité au cœur du concept d’exploitation à long terme. Seule une sortie claire du nucléaire et le choix d’une date limite pour la fin de la durée de service des centrales de Beznau et Mühleberg dans un avenir proche permet de garantir la protection de la population. Si le Conseil des Etats se montre aussi irresponsable que le National, alors il faudra que le peuple exige une protection accrue contre le danger nucléaire.