A la clôture des négociations de la conférence des Nations Unies sur le climat à Lima, à 1h30, heure locale, on est très loin d’un accord qui enclencherait enfin la sortie des énergies fossiles, condition absolue pour lutter contre les dérèglements climatiques, selon le GIEC. Les résultats de Lima sont médiocres mais sans surprises. La surenchère à l’éloquence sur l’urgence climatique est proportionnelle au manque d’engagements et d’actes concrets. A la course pour sauver le climat, la seule vraie solution à l’arrivée c’est 100% d’énergies renouvelables pour tous en 2050.


10.12.2014 Des milliers de manifestants défilent dans les rues de Lima (Pérou) pour interpeller les politiciens présents à la conférence climatique. ©Greenpeace/Rinke-Lazo

Cette négociation de Lima n’a pas permis de poser des règles du jeu solides pour le futur accord de Paris. Il faudrait au moins définir une période d’engagement identique pour tous les pays entre 2020 et 2025 et un objectif mondial de long terme de 100% de renouvelables. Ces éléments cruciaux ne sont pas encore sur la table. De l’aveu même de la France, l‘accord de Paris ne permettra pas de rester en deçà de 2 degrés de réchauffement. Il serait suicidaire de se reposer uniquement sur cette conférence de Paris pour engager la transition. Les Etats, les entreprises, les collectivités locales, les groupements de citoyens doivent engager la sortie des fossiles et choisir la transition basée sur les renouvelables. C’est la seule attitude à adopter au regard des signes visibles du changement climatique, comme les épisodes météorologiques extrêmes.

Après le passage du typhon Hagupit aux Philippines, la Croix-Rouge a dénombré 27 victimes. Près de 13 000 habitations ont aussi été détruites et 22 300 endommagées dans la province de Samar oriental alors qu’un million de personnes ont été évacuées et déplacées préventivement. Cette réalité du terrain est aujourd’hui confortée par les rapports et prévisions des scientifiques et des experts.

Ainsi, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) publiait vendredi dernier, depuis Lima, un nouveau rapport. Selon celui-ci, les dépenses nécessaires pour protéger les populations des pays en développement des risques liés aux changements climatiques pourraient atteindre 250 à 500 milliards de dollars par an en 2050. L’ONU a donc quasiment doublé ses prévisions de coûts liés à l’adaptation aux dérèglements climatiques, estimés à 70 milliards de dollars en 2010. Ajoutons que dans son rapport préliminaire publié mercredi 3 décembre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime que l’année 2014 sera l’une des plus chaudes, sinon la plus chaude, jamais enregistrée. Pourtant, les autorités politiques, notamment suisses, refusent de voir l’urgence.

En matière de protection du climat, la Suisse ne fait dorénavant plus partie des 10 meilleurs élèves. C’est ce qui ressort du Classement climatique par pays 2015. Le Danemark, la Suède, mais aussi le Maroc montrent que l’on peut faire nettement mieux. Le classement climatique annuel par pays compare les émissions de CO2 par habitant, l’évolution des émissions de CO2, ainsi que la politique climatique des Etats. L’édition 2015 a été présentée à la conférence de l’ONU sur le climat, à Lima. La Suisse recule du 8e au 11e rang.

D’ici fin mars, tous les pays doivent indiquer dans quelle mesure ils réduiront leurs émissions de gaz à effet de serre à moyen terme. Chaque pays doit donc s’y atteler dès la conférence finie. La Suisse doit réduire ses émissions nationales de 60% d’ici 2030 (par rapport à 1990), afin d’apporter une contribution significative au maintien d’un réchauffement maximal de deux degrés. Il faut donc appeler nos autorités politiques à adopter des objectifs ambitieux en matière de protection du climat. Vous pouvez le faire notamment en soutenant la pétition de l’Alliance climatique suisse.