La Déclaration de Berne et Greenpeace Suisse ont décerné aujourd’hui à Chevron le « Public Eye Lifetime Award ». Parmi tous les anciens lauréats des prix de la honte, les internautes ont clairement choisi le géant pétrolier américain* pour son refus d’assumer ses responsabilités dans l’une des pires catastrophes environnementales jamais survenues. Il s’agit du du seizième et dernier Public Eye. Près de 64’000 personnes ont voté pour désigner l’ultime lauréat des Public Eye Awards. Le résultat est sans appel, puisque le géant américain Chevron a remporté près de la moitié des voix, suivi de Glencore et de Walmart.

 

Chevron doit sa victoire au désastre écologique engendré par l’exploitation pétrolière dans la forêt vierge du nord de l’Equateur. Présent à Davos, Paul Paz y Miño, le représentant d’Amazon Watch, l’organisation américaine à l’origine de la nomination du géant pétrolier, a rappelé que « Chevron refuse toujours de s’acquitter des 9.5 milliards de dollars qu’elle a été condamnée à verser au titre de dommages et pour l’assainissement des zones dévastées par l’exploitation pétrolière ». Il a par ailleurs dénoncé les manœuvres de la société américaine, qui « retarde depuis vingt ans l’administration de la justice, prolongeant ainsi les souffrances de plus de 30 000 personnes ».Amazon Watch se chargera de remettre le prix au siège principal de Chevron, en Californie.

The Yes Men ont présenté en première mondiale leur « Requiem pour le WEF ». Cette performance porte un message fort: « les partenariats public-privé, tels qu’ils sont encensés à Davos, ne sont pas une solution, mais font plutôt partie des problèmes. Ils renforcent notamment les inégalités croissantes ou attisent le changement climatique ». Déguisés en croque-morts, les vedettes américaines du mouvement altermondialiste ont déclaré : « nous devons obliger les capitaines de l’économie à agir pour le bien de tous, plutôt que de persister à dépendre de leur bonne volonté ». Et le parlementaire européen Sven Giegold (Alliance 90/Les Verts) a dit : « Si le Public Eye doit vraiment mourir, il devrait ressusciter au sommet du G20 ».

Depuis quinze ans, le Public Eye agit comme un contrepoids critique au WEF. Depuis 2005, des prix de la honte sont décernés afin de mettre en lumière les pires violations des droits humains et les atteintes les plus graves à l’environnement commises par des multinationales. La Déclaration de Berne et Greenpeace Suisse ont écrit aujourd’hui les dernières lignes de ce chapitre davosien. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les deux organisations entendent désormais concentrer leurs efforts au sein d’une large coalition d’ONG ayant thématisé la question de la responsabilité des entreprises à l’échelle politique suisse. Celle-ci vient d’annoncer le lancement d’une initiative populaire sur la responsabilité des multinationales. Celle-ci prévoit d’obliger les sociétés helvétiques à respecter les droits humains et l’environnement partout dans le monde. La principale revendication du Public Eye est désormais au cœur des débats politiques.

Plus d’informations