Des milliers de fissures supplémentaires ont été découvertes sur les cuves de pression de deux réacteurs nucléaires belges. Sur la base de ces nouvelles alarmantes, le directeur de l’autorité de surveillance du nucléaire belge recommande que des contrôles précis soient effectués, sur tous les réacteurs en activité sur la planète. Greenpeace Suisse exige de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) qu’elle entre en matière rapidement et de manière résolue. La rupture d’une cuve de pression du réacteur mène à la fusion du cœur.


Déjà en 2014, des militants Greenpeace dénoncaient les risques liés au veillissement de la centrale de Tihange en Belgique. ©Greenpeace/Reynaers

Les centrales nucléaires suisses sont-elles sûres? Cette question est plus cruciale que jamais au regard des nouvelles venues de Belgique. Des fissures ont été découvertes sur les réacteurs Doel 3 et Tihange 2 en 2012 déjà, mais jusqu’à maintenant, il a toujours été annoncé que celles-ci étaient dues à un défaut de fabrication des cuves de pression des réacteurs et qu’il n’y avait pas d’urgence.

Or, la semaine dernière, un examen plus précis a permis de découvrir des milliers de fissures supplémentaires. Pire, deux scientifiques belges arrivent à la conclusion que celles-ci ne seraient pas seulement dues à un défaut de fabrication des cuves, mais également liées à l’activité des centrales. Il est donc possible que les cuves de pression des réacteurs suisses soient dans le même état, notamment ceux qui sont en service depuis plus longtemps que les deux réacteurs belges.

Les examens effectués en Belgique semblent démontrer que les cuves de pression des réacteurs sont bien plus sensibles à la corrosion, que ce qui avait été admis jusque là. Le directeur de l’Agence fédérale de contrôle du nucléaire (AFCN) belge explique qu’il pourrait s’agir d’un problème global touchant de nombreuses centrales de par le monde et recommande de contrôler tous les réacteurs de la planète. « Il est nécessaire de prendre au sérieux la question des fissures et il est urgent d’effectuer des contrôles complets dans toutes les centrales », déclare Florian Kasser, en charge du nucléaire pour Greenpeace Suisse. « L’importance du problème a manifestement été sous-estimée en Belgique, mais aussi dans notre pays. Il faut examiner rapidement tous les réacteurs. »

En 2013, l’IFSN avait exigé des contrôles, suite à la découverte de fissures sur les installations belges. Mais ceux-ci étaient largement insuffisants, particulièrement dans le cas des centrales de Beznau et de Mühleberg, en service depuis plus de 40 ans. A Mühleberg, seul 5% de la surface de la cuve a été examinée. A Beznau et à Gösgen, un contrôle partiel est prévu dans les années à venir. « Ces contrôles basés sur des échantillons sont insuffisants », déclare Florian Kasser. « Les cuves de pression des réacteurs doivent rapidement être examinée dans leur intégralité. »

La centrale de Leibstadt est également concernée. L’IFSN n’y avait pas demandé de vérifications jusque-là, car il était admis que le problème venait d’un défaut de fabrication des cuves et non pas de l’activité des réacteurs. Si des fissures similaires devaient être découvertes dans les centrales suisses, les réacteurs concernés doivent être mis hors service immédiatement, et maintenus à l’arrêt jusqu’à ce que l’origine et la dangerosité du problème soit clairement établi.


Une défaillance de la cuve de pression mène à la catastrophe
La cuve de pression est la pièce maitresse des réacteurs nucléaires. C’est en son sein que se trouve le combustible hautement radioactif et que s’opère la réaction en chaîne. Il est impossible de maitriser les conséquences d’une rupture de la cuve de pression du réacteur. Un tel incident conduirait inexorablement vers une fusion du cœur et vers des rejets radioactifs catastrophiques.