Ces prochains mois, les autorités suisses et européennes se prononceront sur la prolongation de l’autorisation du glyphosate. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé l’herbicide le plus utilisé sur la planète comme étant probablement cancérigène. Les autorités environnementales californiennes veulent même le classer comme cancérigène.


07.11.2012: Action Greenpeace contre l'autorisation du RoundUp de Monsanto devant la commission européenne (Bruxelles/Belgique) ©Greenpeace/Reynaers

07.11.2012: Action Greenpeace contre l’autorisation du RoundUp de Monsanto devant la commission européenne (Bruxelles/Belgique) ©Greenpeace/Reynaers

Mais ce n’est pas tout: des études de l’Université de Leipzig rendent aussi cet herbicide responsable de malformation chez les porcelets et de maladies de carence chez les boeufs. Selon ces études, le glyphosate est associé à d’autres problèmes de santé graves chez les êtres humains. Dans ces circonstances, il est irresponsable de continuer à autoriser l’usage du glyphosate. Jusqu’à présent, les autorités allemande et suisse avaient un discours apaisant en prétendant que le glyphosate ne constitue qu’un risque sanitaire négligeable. La Dre Monika Krüger, professeur émérite, les contredit dans un entretien dans l’Ecoscope.

Cette ancienne directrice de l’Institut de bactériologie et de mycologie de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Leipzig mentionne le glyphosate en relation de causalité avec de graves malformations chez les porcelets. Elle établit en outre un lien avec l’autisme, l’obésité, la démence, la maladie cœliaque (intolérance au gluten), la maladie de Crohn, l’insuffisance rénale, le cancer ainsi que la baisse de la fertilité.

Monika Krüger critique sévèrement les autorités, car elles n’effectuent pas leurs propres analyses et ne font qu’évaluer ce que les entreprises leur fournissent avec leurs demandes de mise sur le marché. Ce sont généralement des études toxicologiques qui s’étalent sur 90 jours au maximum. Elles n’incluent pas de risques de malformations et ne traitent pas non plus de l’effet d’une substance sur le système immunitaire ou la flore gastro-intestinale. « L’autorisation ne se base donc que sur des clarifications très limitées, » regrette Monika Krüger.

Il est de plus en plus évident que la procédure actuelle d’autorisation des pesticides n’est pas appropriée pour évaluer les risques de façon adéquate. Une prolongation de l’autorisation sur des bases aussi incomplètes s’apparente à une expérimentation irresponsable avec la santé publique et l’environnement. Les Médecins en faveur de l’environnement, Greenpeace et la Fédération romande pour les consommateurs (FRC) exigent donc l’interdiction du glyphosate au moyen d’une pétition. Ces organisations réclament, en vertu du principe de précaution, des mesures de réduction concrètes pour tous les pesticides dans le cadre d’un plan d’action national sur les pesticides.