Il aura fallu plus de 10 ans pour que la culture du soja cesse d’être l’une des causes majeures qui détruit le cœur de l’Amazonie. En 2006, 30% du soja amazonien contribuait à la déforestation, contre 1,25% aujourd’hui. Résultat: une baisse de 86% de la déforestation due à la production de soja dans les régions couvertes par le moratoire.

Tout a commencé au tournant de l’an 2000: la production de soja à travers le monde est alors quasiment destinée à l’alimentation animale (entre 70 et 90%) et bien souvent transgénique. En effet, 60% des terres issues de la déforestation sont occupées par du bétail. En 2003, Cargill, important négociant en matières premières – dont le siège social est à Genève –  ouvre un port à Santarem, facilitant ainsi l’exportation du soja vers les marchés européens. Il met en place un système de culture industrielle et le soja devient l’une des causes majeures de la déforestation en Amazonie.

En 2006, à la suite d’une campagne contre un géant américain du hamburger, un moratoire est enfin mis en place ainsi qu’un organisme de contrôle le Soya Working Group (SWG).
Retour de manivelle en 2013 lorsqu’Abiove, l’association brésilienne des industries des huiles végétales, partie prenante industrielle du moratoire, propose la fin du moratoire. Abiove affirme que le code forestier adopté par le gouvernement brésilien ainsi que le cadastre numérique constituent une solution durable suffisante. Ce qui est faux et qui ne protège en rien l’Amazonie!

Même si le moratoire sur le soja est renouvelé indéfiniment en 2016, reste à concilier la production de cette protéine végétale, les droits et besoins des populations locales ainsi que les impératifs environnementaux. Le Soya Working Group y veille! Grâce à l’engagement et à la motivation de divers acteurs, Greenpeace a observé dans les régions couvertes par le moratoire une baisse de 86% de la déforestation due à la production de soja. Il y a 10 ans, 30% du soja amazonien contribuait à la déforestation, contre 1,25% seulement aujourd’hui.

Cependant, l’Amazonie n’est pas encore totalement à l’abri des dérives humaines: trafic de bois illégal, élevage ou méga-barrages sont tout aussi destructeurs pour la forêt, la biodiversité et les populations autochtones. C’est notamment le cas du projet de méga-barrage sur le fleuve Tapajos, contre lequel Greenpeace s’engage activement aux côtés des Mundurukus.

Françoise Debons-Minarro est porte-parole Biodiversité & Toxiques de Greenpeace Suisse

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