L’Office fédéral de l’environnement souhaite adapter l’Ordonnance sur la Protection des eaux (OEaux) en modifiant les valeurs limites de 37 pesticides dans les eaux de nos lacs, rivières et étangs. Quatre de ces substances voient ce chiffre réduit. Deux autres sont maintenus au même taux de 0.1 µg/l. Pour les 31 produits restants, les valeurs limites sont revues à la hausse, et parfois de manière spectaculaire. Le Propamocarb, notamment, voit son taux multiplié par plus de 10’000. Greenpeace rejette véhémentement cette modification qui se fait sur le dos de la sécurité sanitaire de la population.

Une augmentation des valeurs limites des pesticides dans l’eau envoi le mauvais signal et va à l’encontre des évolutions politiques récentes. Comme le spécifie clairement la Loi sur la protection de l’environnement (LPE)  » les atteintes qui pourraient devenir nuisibles ou incommodantes seront réduites à titre préventif et assez tôt. » Deux initiatives populaires ont été lancées pour réduire drastiquement le recours aux pesticides et la Confédération vise une réduction de moitié des risques liés aux pesticides dans son Plan d’action Produits phytosanitaires, publié en septembre 2017. Dans ce contexte, une augmentation des valeurs limites ne fait aucun sens.

La méthode utilisée pour déterminer les nouvelles valeurs limite pose problème. Les études afin de déterminer le taux de dilution auquel les pesticides deviennent inoffensifs  ont été menées sur une seule espèce par substance. Or la sensibilité des espèces peut énormément varier. Dans le cadre de cette analyse, elle est modélisée avec des « facteurs de sécurité », qui sont clairement trop faibles pour s’appliquer à toutes les variétés de plantes.

Le prise en compte des mélanges pose également problème. Le programme Nawa-Spez de l’Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG), montre clairement que les eaux de surfaces suisses sont polluées par un cocktail de substances différentes. Dans certains petits cours d’eau on retrouve jusqu’à une centaine de produits.

Reste le problème des eaux souterraines, utilisées comme source d’eau potable. Pour celles-ci, on continue de prendre en compte les valeurs limites prévalant à la modification de l’Ordonnance sur la Protection des eaux. Certes, mais il ne faut pas être un grand hydrologue pour comprendre que les eaux de surface et les eaux souterraines se mélangent. Comment éviter que les substances dont les valeurs limites ont été augmentées se retrouvent dans les eaux souterraines ?

Face à toutes ces incertitudes, Greenpeace Suisse, comme la majeure partie des organisations environnementales du pays rejette l’augmentation des valeurs limites et demande un maintien des normes actuelles d’0.1µg/l, sauf pour les produits les plus toxiques, pour lesquels la norme doit être encore plus sévère. Ainsi, Greenpeace demande à ce que tous les pesticides soient l’objet d’une valeur limite de 0.5µg/l. Cela permet de protéger plus efficacement les eaux de surface et la biodiversité qu’elles abritent.