L’été est la saison des vacances. Nous avons tous mérité de nous détendre et d’avoir des loisirs. Sauf que pour cela, les Suisses et les Suissesses prennent trop souvent l’avion – grâce aux billets bon marché. Ces bas prix sont possibles parce que l’aviation ne doit pas assumer les coûts environnementaux que provoque son activité et qu’elle les laisse à la collectivité. Greenpeace Suisse en appelle au monde politique pour faire cesser le subventionnement de l’aviation.

En juillet 2018, l’aéroport de Zurich a enregistré pour la première fois plus de trois millions de voyageurs. L’aéroport de Genève voit lui aussi le nombre de voyageurs augmenter sans discontinuer. Plus 5% en 2017, pour plus de 17 millions de passagers, un chiffre qui a doublé en une décennie. Si pour les exploitants de ces structures c’est une raison de se féliciter, c’est en revanche un grave revers pour le climat. Voler est ainsi de plus en plus apprécié, malgré la crise climatique. Et nous les Suissesses et les Suisses sommes particulièrement friands de voyages en avion. Nous volons deux fois plus que nos voisins allemands, français et italiens.

C’est la société dans son ensemble qui en paie le prix et plus tard nos enfants et petits-enfants, car le réchauffement climatique actuel de 1°C provoque déjà cinq fois plus de records de chaleur mensuels qu’avec un climat stable. La chaleur et la sécheresse de cet été montrent en effet malheureusement que c’est dangereux pour les humains et la nature. Ces risques énormes sont la raison pour laquelle presque tous les Etats de la planète ont ratifié l’Accord de Paris sur le climat dans le but de limiter le réchauffement à moins de 2°C et si possible à moins de 1.5°C.

En Suisse, l’aviation est responsable de plus de 18% de l’impact climatique de la population. Ce secteur fera bientôt partie des principales causes du réchauffement climatique. Maitriser le réchauffement incontrôlé du climat, signifie aussi qu’il faut réduire drastiquement les distances parcourues en avion.

Ruiner le climat pour pas cher

La raison pour laquelle nous volons trop, c’est que les prix sont beaucoup trop bas. Ces bas prix sont possibles parce que l’aviation n’est pas couverte par l’Accord de Paris et ne doit pas contribuer à la réduction des Gaz à effet de serre – contrairement à la route et au rail. L’aviation refile à la collectivité les couts environnementaux qu’elle provoque. Les billets d’avion ne sont en outre pas assujettis à la TVA et les compagnies aériennes ne paient pas de taxe sur les huiles minérales pour le kérosène. A elle seule, l’exemption de la taxe sur les huiles minérales constitue un cadeau de CHF 1.7 milliard que la Confédération fait aux compagnies aériennes. La Suisse subventionne donc directement et indirectement le transport aérien.

Greenpeace Suisse en appelle au monde politique à agir. On dirait en effet qu’il ignore l’existence de la crise climatique. Greenpeace Suisse est membre de la Coalition environnement et santé pour un transport aérien responsable (CESAR) et s’engage pour la fin du subventionnement du transport aérien et pour un impôt climatique sur les billets d’avion. Les offres terrestres doivent aussi être améliorées. 80% des vols au départ de la Suisse sont à destination de l’Europe – c’est ici que se trouve le principal potentiel d’économies, car ces destinations sont atteignables en train.

A Genève, l’aéroport se prépare à accueillir 25 millions de passagers par année en 2030, ce qui signifie un mouvement d’avion toutes les 90 secondes, 18 heures par jour. Une initiative populaire a été lancée pour reprendre le contrôle politique de l’Aéroport et pour maîtriser cet essor incontrôlé. Il s’agit de maîtriser le développement de l’aéroport en prenant en compte autant la population que les besoins économiques et l’environnement. Le but est aussi de rappeler le caractère public de l’aéroport et d’assurer une consultation des personnes concernées

Récemment, CESAR et actif-trafic.ch ont écrit une lettre ouverte soutenue par de nombreuses organisations environnementales et de transport Doris Leuthard, notre Ministre des transports. La Conseillère fédérale est appelée à promouvoir les voyages en train plutôt qu’en avion. Les revendications adressées à Doris Leuthard se trouvent ici.