Mohamed El Baradei, directeur général de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), a annoncé à la communauté internationale que des installations nucléaires ont été pillées en Irak et que des matières nucléaires ont disparu. Greenpeace avait tiré l’alarme il y a déjà plus d’un an après avoir retrouvé des matières nucléaires égarées et les avoir ramenées au Centre nucléaire de Tuwaitha. A cause du refus des Etats-Unis de laisser le surveillant nucléaire des Nations unies rentrer en Irak, l’Agence a dû se contenter d’images satellites. Nous avons constaté sur place la justesse des inquiétudes des Nations unies.

International. Quand les troupes étasuniennes sont entrées à Bagdad, elles ont tout de suite sécurisé le périmètre du ministère du pétrole. Plus au Sud, les oléoducs et les puits de pétrole étaient gardés par des véhicules blindés.

Pourtant, à Tuwaitha, site où ont été effectuées les recherches nucléaires du régime de Saddam Hussein, fermé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) des Nations unies avant l’invasion étasunienne, et contenant des équipements et des matières nucléaires, il n’y avait pas le moindre soldat pour monter la garde. Les habitants de la localité ont pu y prendre ce qu’il voulaient, dont des fûts qu’ils ont utilisé pour faire la cuisine et conserver de l’eau, après les avoir vidés du concentré d’uranium (yellowcake) qu’ils contenaient.

Nous avions envoyé une mission en Irak en juin 2003 pour évaluer l’étendue de la contamination et demander aux Nations unies et aux Etats-Unis de prendre des mesures immédiates pour sécuriser et nettoyer le site. Nous avons apporté des fûts neufs pour les échanger contre les fûts contaminés utilisés par les habitants de la localité. Nous avons fait des mesures radiologiques dans les habitations et avons trouvé dans un cas un niveau de radioactivité 10.000 fois supérieurs au niveau de fond.

Nous avons présenté nos trouvailles à Mohamed El Baradei dans un rapport de 10 pages accompagné d’un documentaire vidéo en juillet 2004, quand les Etats-Unis ont autorisé une inspection limitée du site par l’AIEA. L’expert nucléaire John Large indiquait dans le rapport que les éléments que nous présentions laissaient penser « qu’une quantité considérable de matières radioactives et contaminées avait été enlevée des zones sécurisées du Centre nucléaire de Tuwaitha. »