Alors que les députés européens doivent discuter cette semaine du projet de réglementation visant à limiter les émissions de CO2 des voitures neuves, Greenpeace a rendu public un rapport intitulé «Les moteurs du dérèglement climatique». Ce rapport montre de manière chronologique comment l’industrie automobile européenne n’a cessé, durant les 17 dernières années, de torpiller et bloquer les avancées considérables en faveur de véhicules énergétiquement efficaces.

Le rapport «Les moteurs du dérèglement climatique» de Greenpeace montre comment l’industrie automobile poursuit de manière cohérente sa stratégie des «3 D»: elle minimise constamment l’ampleur du changement climatique (Deny); elle force des accords volontaires pour retarder l’application de mesures législatives sur la réduction des émissions (Delay); elle cherche à introduire des concepts politiques qui avantagent l’industrie automobile (Dominate). En outre, elle poursuit une stratégie de marketing agressive pour les «modèles écologiques» et les «versions écologiques» de modèles traditionnels comme tactique de camouflage, afin de continuer à produire dans le même temps des voitures toujours plus lourdes et plus puissantes.

L’Union européenne (UE) et la Suisse discutent, dans le cadre de la politique du climat et de l’énergie, de directives de consommation pour la flotte des voitures neuves. Il existe depuis 1996 des accords volontaires avec l’industrie automobile, mais ces accords n’ont jamais été respectés. Et la protection du climat risque de passer une nouvelle fois sous les roues des véhicules à moteur.

Les discussions autour des directives contraignantes concernant les émissions devraient être conclues fin 2008 déjà. L’issue définitive de ces discussions à Bruxelles aura des conséquences sur la Suisse, car le Parlement a déjà décidé l’année passée que les directives nationales d’efficacité devaient s’orienter vers celles de l’UE à partir de 2012. Cyrill Studer, responsable de la campagne Transport chez Greenpeace Suisse, observe à ce propos: «Même si les éternels empêcheurs de la protection du climat triomphent à Bruxelles et que l’objectif  de 2012 n’est pas entièrement atteint, la Suisse peut tout de même agir de façon ambitieuse. Par rapport à la consommation moyenne de l’année passée , la consommation devrait à l’avenir reculer de 6% par an afin d’atteindre l’objectif de 2012 discuté à l’heure actuelle. Ceci est impossible avec les mesures prévues jusqu’à présent. Le Conseil fédéral doit déterminer des instruments contraignants supplémentaires, afin que la Suisse puisse atteindre ses objectifs en matière d’efficacité en même temps que l’UE.»