Devant l’urgence qu’une expertise indépendante étudie de façon détaillée les informations techniques et les données relatives à la présence de produits toxiques à bord du Clemenceau, Greenpeace a commandité deux évaluations indépendantes auprès de deux experts reconnus internationalement pour leur compétence sur le sujet.

Paris (France) Devant l’urgence qu’une
expertise indépendante étudie de façon détaillée les informations
techniques et les données relatives à la présence de produits
toxiques à bord du Clemenceau, Greenpeace a commandité deux
évaluations indépendantes auprès de deux experts reconnus
internationalement pour leur compétence sur le sujet.

Leurs conclusions confirment que l’estimation de 500 à 1000
tonnes d’amiante est « vraisemblable » et que d’autres substances
toxiques, comme les PCB, se trouveraient à bord en grandes
quantités.

Le premier rapport, produit par Paul Röder, ingénieur conseil
« amiante », est une analyse critique des documents fournis par
Technopure dans le cadre des auditions organisées à New Delhi le 20
janvier par le comité spécial de la Cour Suprême et que les
associations ont pu se procurer. En plus de souligner qu’ « après
lecture des documents fournis, il y a de fortes présomptions que
les travaux ne se sont pas déroulés suivant les règlements, normes
et règles de l’art applicables en France », Paul Röder conclut « la
note Technopure du 7 mars 2005 estime le poids des matériaux
contenant de l’amiante demeurant à bord entre 500 et 1000 tonnes,
chiffre vraisemblable ».

Le second rapport, produit par Aage Bjorn Andersen, un des
principaux experts mondiaux sur le sujet, est une simulation de
l’inventaire des produits toxiques à bord du Clemenceau. Ses
estimations se fondent sur les mêmes documents produits par
Technopure, ainsi que sur des navires identifiés représentatifs
pour lesquels des données complètes sont disponibles, et enfin sur
son expérience internationale en matière d’inventaire. Ses
conclusions sont sans appel : il estime à 760 tonnes la quantité
d’amiante (non compris le retrait de 70 tonnes par Technopure) et
entre 165 et 330 tonnes les quantités d’autres substances
dangereuses (PCB notamment, cancérogène contenu notamment dans des
solides comme les câbles électriques et les peintures) à bord du
Clemenceau.

« Il n’existe plus de doutes sur l’ampleur des quantités de
substances dangereuses à bord du Clemenceau. Les deux experts
estiment vraisemblable la présence d’amiante entre 500 et 1000
tonnes : c’est de 10 à 20 fois la quantité communiquée par l’Etat
français ! On se trouve soit dans l’incompétence, soit dans le
mensonge » déclare Yannick Jadot, directeur des campagnes de
Greenpeace France. « On comprend mieux l’énergie du ministère de la
défense à bloquer toute expertise indépendante ! ».

« Les chiffres accablants de ces rapports justifient les très
vives réactions des syndicats indiens et l’opposition des opinions
publiques française et indienne au désamiantage et au démantèlement
à Alang, et dans ces conditions, du Clemenceau » ajoute Annie
Thébaud-Mony, porte-parole de Ban Asbestos.

« Le rapport d’expertise des documents de Technopure rédigé par
Paul Röder montre que le chantier de désamiantage effectué à Toulon
s’est déroulé dans des conditions roccambolesques : un maître
d’œuvre sans compétence, un contrôleur avec 14 heures de formation
et une entreprise de désamiantage qui a travaillé à la va-vite,
presque rien enlevé et probablement pollué tout le navire. On est
loin du chantier exemplaire vanté par le ministère de la défense et
le pire est malheureusement certain si le navire arrive en Inde »
déclare Michel Parigot, porte parole d’Andeva et du Comité
anti-amiante Jussieu.

« Le gouvernement français s’est décrédibilisé sur ce dossier. Il
est impératif que le Président de la République, directement
interpellé il y a deux semaines, prenne ses responsabilités et
fasse revenir le Clemenceau en France pour y être désamianté. La
valeur des Droits de l’Homme ne peut être indexée sur le prix de
l’acier » conclut Sidiki Kaba, président de la FIDH.