Ce matin, des militants de Greenpeace ont, à partir de l’Esperanza, navire de l’association écologiste, intercepté et accosté le Winner, un navire transportant du soja génétiquement modifié. Greenpeace demande qu’il soit mis rapidement un terme aux importations de soja transgénique en Espagne et à la contamination massive de la chaîne alimentaire européenne. Les militants de Greenpeace ont abordé le bateau grâce à des zodiacs puis escaladé les grues du bateau afin d’empêcher le déchargement de la cargaison à Malaga, port de destination prévu. Ils ont hissés des banderoles portant les messages « L’Espagne ne veut pas d’OGM » et « Nous ne voulons pas d’OGM ».

Malaga (Espagne). « Le soja génétiquement modifié ne va pas nourrir le monde comme le prétendent les entreprises de biotechnologies comme Monsanto. Il détruit l’environnement des pays qui le cultivent, comme l’Argentine, pour être massivement utilisé pour nourrir les cochons, vaches et poulets en Europe » a déclaré Arnaud Apoteker, chargé de campagne OGM à Greenpeace France (1).

Le Winner transporte environ 9’000 tonnes de soja génétiquement modifié et 11’000 tonnes de maïs dont on ne sait pas s’il est génétiquement modifié. Greenpeace a demandé des précisions au capitaine sur sa cargaison et souhaite prélever des échantillons du maïs pour analyse (2). Avec plus de 6 millions de tonnes, l’Espagne est le deuxième importateur européen de soja après les Pays-Bas. Importé des Etats Unis, d’Argentine et du Brésil, 4 millions de tonnes de ce soja sont estimées être génétiquement modifiées ou contaminées.

Une nouvelle réglementation européenne relative à l’étiquetage et à la traçabilité des OGM est entrée en vigueur le 18 avril dernier. Greenpeace dénonce les lacunes majeures de cette réglementation et insiste sur le fait que l’on ne pourra parler de respect du droit au choix des consommateurs tant que l’étiquetage des produits alimentaires issus d’animaux nourris aux OGM ne sera pas obligatoire.

« Parce que les gouvernements se montrent incapables à protéger l’environnement et la santé, Greenpeace n’a pas d’autre choix que d’agir pour stopper l’expérience dangereuse que constituent les OGM », explique Daniela Montalto, chargée de campagne OGM pour Greenpeace Argentine.

« Aujourd’hui en Argentine, les gens ont faim alors que les agriculteurs ont cultivé 14 millions d’hectares de soja transgénique entre 1997 et 2002, attirés par les fausses promesses de rendements supérieurs et de semences moins chères. Aujourd’hui, face au désastre environnemental et social auquel nous sommes confrontés, nous ne pouvons que lancer un appel aux peuples du monde entier afin qu’ils rejettent les OGM et se prononcent pour une agriculture véritablement durable et respectueuse des hommes. N’achetez pas de produits transgéniques ! » a-t-elle ajouté.

Greenpeace a lancé une nouvelle campagne mondiale contre les OGM. Des bateaux suspectés de contenir des cargaisons contaminées par les OGM sont bloqués dans les ports du monde entier. En Australie, le Rainbow Warrior a bloqué pendant 8 heures un bateau transportant du soja transgénique provenant des Etats-Unis et à destination de Melbourne. En France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Brésil et en Chine, les actions d’information des consommateurs se multiplient avec en particulier la distribution de guides des produits alimentaires avec ou sans OGM à des centaines de milliers de consommateurs, les incitant à ne pas acheter de produits transgéniques.

(1) – 98% du soja argentin est aujourd’hui génétiquement modifié. Le désastre économique et social créée par l’utilisation des OGM est maintenant devenu manifeste grâce à un article récent paru dans la revue « New Scientist » intitulé « Argentina’s Bitter Harvest highlights ». (Brandford, S. 17 avril 2004, pp. 40-43) – disponible sur demande

(2) – Le Protocole Biosécurité adopté dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique énonce les règles standards que doivent respecter les Etats membres en matière de mouvements transfrontières d’OGM. En février 2004, la première réunion des Etats parties au Protocole a permis d’adopter une réglementation plus précise en ce qui concerne l’étiquetage et la traçabilité des OGM. La documentation accompagnant chaque OGM doit notamment contenir le « nom commun scientifique et commercial de l’OGM  » contenu dans la cargaison ainsi que le « code de la transformation génétique » ou s’il existe le « code d’identification unique » de l’OGM.