Trois semaines après que le Probo Koala a déversé 400 tonnes de déchets toxiques à Abidjan (Côte d’Ivoire), causant la mort de sept personnes et l’intoxication de milliers d’autres, Greenpeace investit et bloque le navire ancré au port de Paldiski, en Estonie. Ce navire, responsable d’un trafic de déchets toxiques, doit cesser toute activité et être maintenu au port le temps d’une enquête complète.

Paldiski (Estonie) Trois semaines après
que le Probo Koala a déversé 400 tonnes de déchets toxiques à
Abidjan (Côte d’Ivoire), causant la mort de sept personnes et
l’intoxication de milliers d’autres, Greenpeace investit et bloque
le navire ancré au port de Paldiski, en Estonie. Ce navire,
responsable d’un trafic de déchets toxiques, doit cesser toute
activité et être maintenu au port le temps d’une enquête
complète.

L’Artic Sunrise, l’un des bateaux de Greenpeace, est entré
aujourd’hui vers 17 heures (heure locale, 16h en Suisse) dans le
port de Paldiski et s’est posté aux abords du Probo Koala,
empêchant toute manoeuvre du navire sans toutefois bloquer
l’activité du port. A 18 heures (17h en Suisse), l’Artic Sunrise a
jeté l’ancre, arborant une banderole: «Le trafic de toxiques
tue».

«Nous bloquons aujourd’hui le Probo Koala car il est scandaleux
qu’il ait pu continuer sa route et son trafic de déchets sans être
inquiété, après avoir tué sept personnes et intoxiqué plus de 50
000 habitants d’Abidjan, s’insurge Yannick Vicaire, responsable de
la campagne Toxiques de Greenpeace France, depuis le pont de
l’Artic Sunrise. Dans cette scandaleuse affaire, le Probo Koala
constitue une véritable pièce à conviction: les autorités
estoniennes doivent saisir et analyser ses installations, livres de
bord et communications. Nous ne bougerons pas tant que le navire
n’aura pas livré toutes les informations nécessaires à
l’établissement précis des responsabilités.» Il est inacceptable
que les propriétaires du navire et la société Trafigura qui l’a
affrété puissent continuer leurs activités illégales et
dangereuses, sans attendre les résultats des enquêtes en cours en
Côte d’Ivoire et aux Pays-Bas.

Pour Greenpeace, la Commission européenne doit demander aux
autorités judiciaires des États membres de tout mettre en oeuvre
pour que ces investigations aboutissent dans les meilleurs délais.
Dans cette perspective, la Commission doit aussi charger Europol de
coordonner ces actions et d’empêcher que le navire, son capitaine,
ses propriétaires, son affréteur et tous les autres opérateurs
impliqués dans cette affaire n’échappent à la justice. La
Commission européenne doit enfin s’assurer que les États membres
appliquent correctement la convention de Bâle, qui interdit le
transport de déchets toxiques des pays de l’OCDE vers des pays non
membres de l’OCDE, et dont les dispositions ont été intégrées au
droit communautaire.

«C’est très bien que l’Europe se dote de réglementations, mais
encore faut-il qu’elle oblige ses membres à les appliquer
correctement. La récente affaire du Clemenceau l’a déjà démontré:
les États européens appliquent le droit environnemental selon leur
bon vouloir, affirme Yannick Vicaire. Tant que les continents
présenteront des écarts importants en terme de réglementations ou
d’équipements, il y aura toujours des flux de déchets du Nord vers
le Sud. Il est de la responsabilité juridique et morale des pays
développés de protéger les pays en voie de développement, en
commençant par gérer leurs propres déchets.»