Ce matin, à l’entrée du Parc des Expositions de Paris Nord où s’ouvrait Première Vision, le salon Mondial des tissus d’habillement, une quarantaine de militants de Greenpeace a déployé une banderole de 50m de long sur 4m de haut, sur laquelle figurent des portraits de victimes de Bhopal ainsi que le message suivant: « Bhopal 1984 – 2004: Collection dévoilée de DOW ».

Paris (France). Greenpeace vise ainsi à interpeller publiquement la première entreprise chimique du monde – présente au Salon pour faire la promotion de sa nouvelle fibre textile « XLA » – afin qu’elle assume ses responsabilités à Bhopal, en Inde. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, 40 tonnes de gaz mortels s’échappaient d’une cuve de l’usine de pesticides de Union Carbide et se répandaient sur la ville de Bhopal. 8’000 personnes sont décédées dans les trois jours qui suivirent et vingt ans après, 20’000 décès sont imputés à cette catastrophe.

Deux jeunes témoins de Bhopal ont fait le déplacement à Paris afin de participer à la manifestation et porter la parole des victimes de Bhopal auprès de Dow Chemical et de ses partenaires. Nés en 1984, année de la catastrophe, ces deux jeunes gens vivent avec elles depuis lors. En effet, outre les conséquences directes de l’accident, la pollution causée par les stocks de produits chimiques laissés sur le site abandonné de l’usine polluent le sol et la nappe phréatique, et empoisonne, jour après jour la vie des habitants de Bhopal. Vingt ans après, les survivants et leurs enfants souffrent de graves problèmes de santé: cancers, tuberculose, malformations et fièvres chroniques. Depuis vingt ans, rien n’a été fait pour remédier à cette pollution chronique et Dow – repreneur de Union Carbide, propriétaire de l’usine en 84 – refuse de prendre en charge le nettoyage du site.

« Nous sommes à Paris aujourd’hui afin de demander que justice soit enfin faite à Bhopal! Dow doit nous débarrasser des montagnes de déchets toxiques qui nous empoisonne la vie depuis vingt ans, et prendre en charge le suivi médical des malades » a déclaré Sanjay Verna, victime de Bhopal agée de 20 ans.

« Les actionnaires de Dow ainsi que leurs partenaires commerciaux doivent savoir que Dow a du sang sur les mains et qu’aucun textile ne va camoufler les crimes de Bhopal. Dow sera libéré de toute action en justice quand il aura accepté de payer pour le soutien médical des victimes et pour le nettoyage des déchets toxiques abandonnés sur le site » a ajouté Vinuta Gopal, chargée de la campagne toxique à Greenpeace Inde également à Paris pour cette manifestation.

En 1999, une équipe de l’unité scientifique de Greenpeace s’était rendue à Bhopal pour évaluer l’étendue de la contamination du site et de ses environs. Leur étude a révélé des taux significatifs, voir inquiétants, en métaux lourds et en toxiques chlorés dans le sol et la nappe phréatique. Depuis, Greenpeace mène des actions partout dans le monde, afin de sensibiliser le public sur le sort des habitants de Bhopal et faire en sorte que les leçons de cette catastrophe soient tirées, alors que se déroulent, ce 21 septembre les commémorations de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse. Au-delà des frontières, les Etats doivent se mobiliser afin que les multinationales ne restent pas impunies des actes criminels qu’elles commettent, par négligence et par volonté de profits.