Les ministres de l’Environnement et de la Santé de 52 pays paneuropéens, réunis à Budapest, ont été confrontés la nuit dernière, en marge d’une réception officielle, à un nouveau né de 6m de haut, inconsolable, pleurant contre la pollution chimique qu’il subit quotidiennement. Il était accompagné d’une procession de 20 bébés en poussettes, portant des masques à gaz. Les militants de Greenpeace, au service de ces enfants révoltés, ont exigé que les ministres prennent des mesures concrètes pour protéger l’enfance et les générations futures contre les dangers sanitaires des substances chimiques industrielles.

Budapest (Hongrie). Aujourd’hui, à l’issue de la 3ème et dernière journée de la conférence ministérielle de l’OMS ayant pour thème Santé et Environnement, et intitulée « Un avenir pour nos enfants », Greenpeace exprime son scepticisme sur les deux documents officiels qui en résultent. Ni la Déclaration Ministérielle, ni le Plan d’Action pour la Santé et l’Environnement des enfants d’Europe (le CEHAPE) n’apportent les engagements nécessaires pour une amélioration significative de la protection des enfants contre les substances toxiques.

« A part quelques lignes de bonnes intentions sur des substances très controversées, comme les phtalates ou les fragrances artificielles, les accords échouent complètement à amorcer une approche de précaution et à initier l’abandon des substances chimiques les plus dangereuses, laissant les enfants à la merci de risques parfaitement évitables », déclare Yannick Vicaire, responsable de la campagne Toxiques à Greenpeace France.

Pourtant les ministres ont écouté le Professeur Dominique Belpomme. Le cancérologue français était présent, invité à la fois par l’OMS et les ONG du Forum parallèle pour une Planète Saine. Ce dernier a ainsi déclaré « Nous devons commencer à éliminer les substances chimiques suspectées de provoquer des maladies, sur la base du principe de précaution. Nous avons des éléments suffisants sur les liens entre substances et cancer pour agir sans tarder».

Certains industriels comme Ingrid Schulström des magasins Hennes & Mauritz (H&M) ont décrits leurs démarches de réduction et de substitution des substances toxiques et s’inquiéter de la non-généralisation de telles initiatives par le biais de la réglementation.

« Tandis que scientifiques, industriels et ONG appellent à l’action immédiate, le CEHAPE réclame plus de recherches, plus de monitoring, et ne cite la réforme chimique européenne en cours, REACH, que pour ses objectifs d’évaluation. Il oublie que cette nouvelle réglementation pourrait être aussi un outil puissant de réglementation pour la substitution des toxiques les plus dangereux, et par conséquent pour la protection de la santé des enfants », conclut Yannick Vicaire.