Communiqué de presse de l’Association suisse pour la protection du climat

Col du Susten, le 25 août 2018. Près de 100 personnes venues de toute la Suisse se retrouvent aujourd’hui au Col du Susten. Elles constituent l’Association suisse pour la protection du climat au pied du Steingletscher qui est en train de finir de fondre. Ces citoyennes et citoyens veulent ancrer la protection du climat dans la Constitution fédérale au moyen de l’Initiative pour les glaciers pour réduire à zéro les émissions de CO2 de la Suisse d’ici 2050.

L’Association suisse pour la protection du climat veut mettre la Suisse sur le cap du climat et lancer une initiative populaire. Les objectifs de l’Accord de Paris doivent être ancrés dans la Constitution fédérale : Aucune émission de CO2 au plus tard d’ici fin 2050.​   ​ L’Initiative pour les glaciers est nécessaire, car la politique suivie jusqu’ici n’est pas en accord avec les engagements de l’Accord de Paris et les exigences d’une politique climatique sérieuse.

Des membres fondateurs venus d’horizons variés

L’association constituée aujourd’hui veut renforcer le mouvement pour le climat et réunit des personnes très diverses (voir annexe). Parmi les membres fondateurs et dans le conseil scientifique se trouvent des personnes actives dans la foresterie, l’agriculture, la gestion des eaux, la science et la recherche, le tourisme, les régions de montagne, les sports d’hiver, la culture et la santé.

Jacques Dubochet, biophysicien et Prix Nobel de chimie 2017 soutient l’association avec conviction. Il s’engage avec les grands-parents pour le climat. « Nous sommes la génération du dérèglement climatique et nous voulons ramener notre planète sur le bon chemin, » explique Jacques Dubochet. Parmi les membres fondateurs se trouve aussi Noah Zollinger, directeur d’un arrondissement forestier à Zurich. « La forêt est indispensable pour la survie de l’humanité. L’existence de forêts saines dépendra de notre capacité à lutter contre le changement climatique, » souligne Noah Zollinger.

600 membres en deux semaines

Avant même sa constitution, plus de 600 personnes se sont inscrites comme membres de l’Association suisse pour la protection du climat en deux semaines. Le comité sera constitué de Dominik Siegrist, Myriam Roth et Marcel Hänggi – journaliste environnemental et co-initiant. Dominik Siegrist est professeur de tourisme proche de la nature à la Haute école de Rapperswil. Cela fait des années qu’il attire l’attention sur le changement climatique dans les régions de montagne. Myriam Roth est infirmière diplômée et Conseillère municipale à Bienne. Elle explique son engagement par le fait que « en nous occupant du climat, nous prenons soin de notre santé et de celle des autres ». Myriam Roth et Dominik Siegrist se partageront la présidence.

La fonte des glaciers comme mémorial de la crise climatique

La constitution de l’Association suisse pour la protection du climat a lieu au pied du Steingletscher qui est en train de finir de fondre. L’endroit rappelle la conséquence la plus visible du changement climatique en Suisse : la disparition des glaciers. Dans les Alpes, le climat se réchauffe environ deux fois plus qu’en moyenne planétaire. « La disparition irréversible des glaciers est comme une inscription monumentale. Les mesures de protection du climat permettent de limiter cette dangereuse évolution, » explique Wilfried Haeberli, glaciologue et membre fondateur.

A la fin du 21e siècle, presque tous les glaciers alpins auront disparu. Selon les estimations scientifiques, certains glaciers pourraient être sauvés d’ici la fin du siècle si le réchauffement était limité à clairement moins que 2°C – comme le prévoit l’Accord de Paris.

Les glaciers et les sols gelés en permanence stabilisent les montagnes qui pourraient devenir instables, comme le Piz Cengalo dont 3 mio de m3 cubes se sont détachés en été 2017 et ont dévasté une partie du village de Bondo (GR). La fonte des glaciers et du permafrost menace l’existence même de notre civilisation. A la fonte des neiges, ce sont les inondations qui menacent, alors qu’en été, les rivières et les fleuves peuvent s’assécher. Les changements dans le paysage et la réduction du manteau neigeux menacent des dizaines de milliers d’emplois dans le tourisme.

Si vous avez des questions, merci de contacter :

  • Marcel Hänggi, co-initiant de l’Initiative pour les glaciers, +41 78 78743 40 65
  • Daniel Graf, contact médias sur place, +41 76 76588 09 68

Informations de base sur l’Association suisse pour la protection du climat et Initiative pour les glaciers

  1. membres fondateurs de l’Initiative pour les glaciers et conseil scientifique de l’Association suisse pour la protection du climat

Membres fondateurs

  • Eva Baier, directrice Fischwanderung.ch
  • Roman Bolliger, conseiller en énergie
  • Thomas Dimov, arch. dipl. EPFZ SIA
  • Jacques Dubochet, biophysicien et professeur émérite à l’Université deLausanne, Prix Nobel de chimie 2017
  • Monika Frehner, ingénieure forestière
  • Anita Frehner, doctorante à l’Irab (FiBL)
  • Hans-Ulrich Frey, écologue, ingénieur forestier, docent à l’EPFZ
  • Daniel Germann, ingénieur informaticien EPFZ / développeur logiciel
  • Wilfried Haeberli, glaciologue / professeur émérite à l’Université de Zurich
  • Franz Hohler, auteur
  • Felix Keller, co-dirigeant de l’Institut européen du tourisme Suisse
  • Christoph Küffer, professeur d’écologie urbaine, études en architecture du paysage, HES Rapperswil
  • Nicolas Müller, snowboardeur professionnel
  • Susanna Niederer, Climate Change Resilience Professional
  • Christian Pfister, professeur d’histoire économique, sociale et environnementale à l’Université de Berne
  • Reto Raselli, cultivateur d’herbes aromatiques et médicinales à Puschlav
  • Myriam Roth, infirmière diplômée FH
  • Dario Schwörer, Bildungs-Expedition TopToTop
  • Florian Senn, batelier bâlois et bassiste des Lovebugs
  • Dominik Siegrist, professeur de tourisme doux, HES Rapperswil
  • Stephan Siegrist, alpiniste professionnel
  • Peter Stamm, auteur
  • Daniel Speich Chassée, professeur d’histoire planétaire, Université de Lucerne
  • Markus Wenger, entrepreneur (fenêtre Wenger)
  • Jürg Wirth, paysan/journaliste/aubergiste à Lavin
  • Noah Zollinger, directeur d’arrondissement forestier Rüti/Wald/Dürnten

Conseil scientifique

  • Harald Bugmann, professeur d’écologie forestière, EPFZ
  • Thomas Gröbly, docent en éthique et durabilité à la FHNW, entrepreneur et auteur
  • Matthias Huss, glaciologue, EPFZ et Université de Fribourg
  • Reto Knutti, professeur de physique du climat, EPFZ
  • Therese Lehmann, directrice adjointe de la recherche en tourisme (CRED-T), Centre de développement régional, Université de Berne.
  • Kai Niebert, professeur de didactique de la durabilité, Université de Zurich
  • Martine Rebetez, professeurs de climatologie appliquée, Université de Neuchâtel et Institut fédéral de recherche WSL
  • Philippe Thalmann, professeur en économie de l’environnement, EPFL
  • Heribert Rausch, professeur émérite de droit public, en particulier de droit de l’environnement, Université de Zurich

2. Rapport sur l’Initiative pour les glaciers

Seulement en allemand: «Für eine Schweiz mit Null CO2-Emissionen», Hintergrundbericht der Initiantinnen und Initianten zur Gletscher-Initiative (19 Seiten, PDF)

3. Projet de texte de l’Initiative pour les glaciers

Art. 74a Politique climatique (nouveau)

Al. 1 La Confédération et les cantons contribuent à limiter les risques et les dangers du changement climatique. Ils s’engagent dans le cadre de leurs compétences en Suisse et à l’étranger pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine dans une mesure qui ne dépasse pas la capacité d’absorption des puits de carbone naturels.

​Al. 2 Au plus tard en 2050 il ne pourra plus être fait usage d’un combustible fossile. Des exceptions sont possibles,

  1. a) pour autant que des puits sûrs en Suisse retirent durablement la quantité correspondante de CO2 de l’atmosphère.

​b) ainsi que pour des applications techniques irremplaçables.

Al. 3 La loi prévoit une compensation financière pour les inconvénients rencontrés par les entreprises suisses du fait de l’alinéa 2 par rapport à leurs concurrents étrangers.

option : Al. 4 La Confédération et les cantons veillent à ce que les activités de la place financière suisse soient en accord avec les objectifs de l’alinéa 1.

Art. 74a al.4 fait encore l’objet de discussions. Cet alinéa correspond à l’Art. 2 al. 1 let. c de l’Accord de Paris et tient compte de la grande importance de la place financière suisse. Une base constitutionnelle n’est toutefois pas indispensable, car le législateur pourrait déjà édicter les prescriptions correspondantes.

Dispositions transitoires de l’Art. 74a (nouveau)

Al. 1 La Confédération édicte une législation d’application de l’Art. 74a dans un délai d’au maximum cinq ans après son adoption par le peuple et les cantons.

Al. 2 La loi se détermine les objectifs de réduction des émissions de carbone fossile d’ici 2050 en accord avec les connaissances scientifiques.

Al. 3 Pour assurer le respect des objectifs de réduction, la Confédération peut introduire des taxes d’incitation ou des contingents d’importation [ou alors des limitations quantitatives].

Al. 4 Les revenus de l’application de cet article sont redistribués à la population et à l’économie ; leur utilisation partielle est autorisée pour financer des mesures de protection du climat.

Précision : Le texte de l’initiative est à l’état de projet et n’a pas encore été examiné par la Chancellerie fédérale.