A la fin de la plus importante conférence sur la non-prolifération nucléaire et le désarmement atomique, les Etats parties au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne se sont pas accordés sur une compréhension ou une voie commune pour éliminer les arsenaux atomiques (1). En même temps, durant toute la conférence, la majorité des Etats parties au TNP a continué de soutenir leur droit inaliénable à commercer à des fins pacifiques avec des matières et des technologies nucléaires (2). L’incapacité presque complète des Etats parties au TNP à reconnaître que ce droit inaliénable fixé par le TNP donne les moyens à certains d’entre eux d’accéder à un armement atomique, ignore les réalités de l’actuelle prolifération nucléaire sur notre planète.

Genève (GE). Les désaccords portent sur:

· Le manque de progrès dans l’abolition planétaire des armes
atomiques;

· L’arsenal atomique d’Israël et l’établissement d’une zone sans
armes atomiques dans la région, ainsi que les programmes d’armement
atomique de l’Inde et du Pakistan;

· La menace réitérée, de la part des USA et d’autres, d’utiliser
des armes atomiques même en cas de conflit conventionnel et, dans
certains cas, de façon préventive;

· Les programmes de développement de nouvelles armes
atomiques;

· La possible reprise des essais de bombes atomiques;

· L’incapacité à commencer de négocier un traité pour
restreindre l’accès aux matières nucléaires pouvant être utilisées
dans des armes atomiques;

· Le renforcement du TNP pour lui permettre de répondre de façon
adéquate aux questions de non-conformité et de retrait des Etats
parties, comme dans le récent cas de la Corée du Nord;

· Le droit des Etats à accéder à la technologie nucléaire à des
fins pacifiques, comme le programme de retraitement de plutonium du
Japon et le programme d’enrichissement d’uranium de l’Iran;

· L’attaque unilatérale de l’Irak par les USA soutenus par le
Royaume-Uni.

« Nous sommes face à une crise nucléaire ayant des proportions
extraordinaires. Le TNP est actuellement le seul traité obligeant
légalement les Etats parties à renoncer à leurs armes atomiques.
C’est la plus puissante voix multilatérale permettant de faire
cesse la prolifération nucléaire et d’atteindre l’abolition
planétaire, et maintenant, tout ce qu’ils peuvent faire, c’est
d’agréer sur leur désaccord, » a déclaré William Peden, de la
campagne désarmement atomique de Greenpeace International.

Lors de la dernière révision du TNP en 2000, les puissances
nucléaires ont réaffirmé leur engagement à accomplir l’élimination
complète de leurs arsenaux atomiques. Depuis, presque rien n’a été
fait dans cette direction et le but d’éliminer les armes atomiques
dans le cadre d’un désarmement général et complet reste
éloigné.

« A une époque d’augmentation des menaces de prolifération
planétaires, les Etats parties au TNP ont largement choisi
d’ignorer une de ses principales failles qui permet d’accéder à des
technologies, des matières et des expertises qui permettent de
s’approcher du statut de puissance nucléaire. C’est la leçon
apprise avec l’Irak en 1991, lorsque sont programme d’armement
atomique secret a été dévoilé, mais dont personne ne veut tirer les
conséquences, » a expliqué Shaun Burnie, de la campagne
antinucléaire de Greenpeace International.

Les Etats parties se rencontreront de nouveau l’année prochaine
avant la conférence de révision formelle du TNP en 2005.

Notes:

1. L’Article VI du TNP engage les puissances nucléaires
officielles à poursuivre des négociations pour l’abolition
planétaire des armes atomiques.

2. L’Article IV du TNP constitue un appât pour encourager
les Etats à adhérer. Les Etats parties qui s’engagent à ne pas
développer d’armes atomiques sont récompensés par un accès aux
matières et aux technologies nucléaires.