En février 2003, 30 millions de personnes sont descendues dans la rue pour montrer leur opposition à l’invasion de l’Irak. Leurs banderoles proclamaient « Laissez les inspecteurs travailler! » et « Pas de guerre pour le pétrole! ». Il y a douze mois, commençaient pourtant les bombardements et les débarquements de troupes coalisées. Aujourd’hui, le peuple irakien continue de vivre une tragédie douloureuse.

Londres (Grande-Bretagne). Douze mois après, il s’avère qu’il n’y a jamais eu d’armes de destruction massive (ADM) en Irak, et que les Etats-unis, le Royaume-uni et les forces de la coalition ont présenté des informations truquées. Greenpeace était contre cette guerre, notamment parce qu’elle était illégale. L’approche unilatérale des Etats-unis menaçait (et menace encore) de défaire 60 ans de construction d’un système multilatéral et de règne du droit international, et a créé un précédent dangereux pour l’avenir des relations entre Etats.

Cette guerre lancée par les pays les plus riche du monde, détenteurs de gigantesques arsenaux d’ADM, contre un pays du tiers-monde était la façon la plus hypocrite et contre-productive de régler les problèmes de sécurité internationale et de prolifération des ADM. Le but de cette guerre était plus de régler de vieux comptes et de faire main basse sur le pétrole irakien au profit des puissances occidentales que de faire du Moyen-Orient un endroit plus sûr. Elle a été menée au prix de terribles souffrances humaines et de dégradations massives de l’environnement.

Après le début de la guerre, nous avons demandé aux gouvernements faisant partie de la coalition de renoncer à la doctrine Bush de guerre préventive et de réexaminer la légalité de leur position d’un point de vue plus général. Nous avons ensuite envoyé une équipe en Irak pour voir ce que les forces coalisées faisaient réellement des matières nucléaires qui avaient été mises à l’abris par les fonctionnaires des Nations unies. Le résultats de cette mission se sont révélés choquants. Douze mois plus tard, nous demandons de nouveau à la coalition de renoncer à la doctrine de la guerre préventive et à l’unilatéralisme, et de renforcer le règne du droit international.

Douze mois plus tard, il est évident que la véritable menace pour la sécurité mondiale provient des arsenaux d’ADM et des industries d’armement des Etats-unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Russie, de la Chine, d’Israël, de l’Inde et du Pakistan, et de l’incapacité des membres permanents du Conseil de sécurité de respecter les obligations qu’ils ont contractées en matière de désarmement international.

Douze mois plus tard, nous assistons avec horreur à des événements tragiques à Madrid ainsi qu’à la poursuite des violences à Basra, Gaza et en Cisjordanie, à Bali et à Djakarta, à Kabul et à Kandahar et nous nous posons la question suivante: La « guerre contre le terrorisme » lancée par George W Bush a-t-elle rendu le monde plus sûr?

Une majorité des personnes interrogées à travers le monde pensent que le guerre a rendu le monde plus dangereux. Elle a créé un terrible précédent. Le tribut de cette guerre se paye aujourd’hui encore. Le fait qu’elle ait été justifiée par un mensonge est une chose que nous tous, en tant que citoyens du monde, devons garder en mémoire et pour laquelle nous devons tenir nos gouvernements responsables.

Au Royaume-uni, nous avons demandé au gouvernement de nous dire la vérité. Quatorze activistes de Greenpeace ont demandé que l’avis initial de l’attorney général sur la légalité de cette guerre soit fourni comme preuve. Cette demande a été refusée et l’avis est resté secret. Pourquoi? Certains pensent que cet avis indiquait à Tony Blair qu’une guerre préventive ne pourrait se justifier dans le cadre du droit international et que le gouvernement à donc menti en affirmant que cette guerre était légale. Sinon, pourquoi ne pas produire ce dossier? Que craint l’attorney général?

En Espagne, le gouvernement a menti sur l’identité des responsables de l’attentat tragique perpétré contre les citoyens espagnols, dissimulant des preuves indiquant que cet attentat venait en représailles de la participation militaire de l’Espagne à la coalition dirigée par les Etats-Unis. Le gouvernement a pris la décision de partir en guerre contre la volonté du peuple. Ce gouvernement a désespérément cherché à maintenir l’illusion d’un monde devenu plus sûr grâce à une guerre et a pour cela enchaîné les mensonges dans l’espoir d’empêcher la vérité de parvenir au grand jour. Mais les protestations de citoyens ont entraîné la première victoire de la « deuxième superpuissance ». Le gouvernement est tombé. La vérité a triomphé.

Samedi dernier, les gens ont manifesté de nouveau pour protester contre la guerre. Comme l’année dernière, des gens de tous horizons, d’une myriade de pays, de nombreuses religions, avec des revendications diverses et des projets politiques différents étaient unis par une seule et même envie: la paix.