L’Union pétrolière essaye d’amadouer le Parlement et le Conseil fédéral avec un impôt obligatoire pesant sur la population, camouflé par le „centime climatique“. Une proposition qui autorise la hausse des émissions de CO2 en Suisse et ne sert que les intérêts de l’industrie pétrolière. En revanche, la taxe incitative sur le CO2, allègrement torpillée, pourrait faire baisser les émissions de CO2 en Suisse et amener la création d’emplois dans de nombreuses branches, qui en ont bien besoin.

Genève (GE). L’Union pétrolière veut acquérir à l’étranger des certificats d’émission à hauteur de 10 millions de tonnes de CO2. Pour transporter l’équivalent en essence devant être brûlée en Suisse, il faudrait mobiliser un convoi de 2.000 km de long de camions citernes! En deux mots: adieu le bon air suisse! Adieu la protection du climat!

La proposition du centime climatique veut éviter l’entrée en vigueur de la taxe incitative sur le CO2 prélevée sur les carburants et dont l’introduction est prévue par la loi. Elle va aussi à l’encontre de la diminution de la consommation de carburant. L’argument principal de la proposition du centime climatique est le fameux achat de certificats d’émissions à l’étranger. L’Union pétrolière, principal promoteur de cette mesure, affirme qu’elle est plus efficace en termes de coûts que l’introduction d’une taxe incitative sur le CO2. Les associations routières et les importateurs d’automobiles nous chantent la même ritournelle. Encore serait-il utile de savoir à qui profite cette efficacité des coûts?

Ne cherchez pas, la réponse est évidente: des certificats d’émissions de CO2 imputés à hauteur de 10 millions de tonnes au nom de la loi sur le CO2 permettraient à l’Union pétrolière de vendre plus de 4.000 millions de litres d’essence supplémentaires, une quantité qui représente un gain de chiffre d’affaires d’environ 5 milliards de francs! Seulement une infime partie de ce gain se traduirait par des emplois, puisque le pétrole est importé de l’étranger, éventuellement raffiné en Suisse puis distribué et vendu.

Outre le lobby pétrolier, d’autres groupes d’intérêts ne voient pas la taxe incitative sur le CO2 d’un très bon œil. Car celle-ci jugulera l’augmentation du trafic, rendant de nombreux projets de construction routière inutiles. Les importateurs d’automobiles de grandes voitures à la mode craignent, à leur tour, que les consommateurs se tournent vers des modèles plus économiques. Pas étonnant, donc, que les lobbies investissent d’énormes moyens dans cette bataille politique. Le premier partisan du centime climatique au Parlement, le Conseiller national Peter Weigelt, se fait aussi rémunérer pour ses services fournis à l’Union pétrolière. Rappelons aussi que la proposition du centime climatique a été élaborée par Marco Berg, ancien collaborateur de l’Union pétrolière, qui aurait participé à la négociation de certificats via sa société et qui agirait donc aussi dans son propre intérêt dans cette affaire.

Comme le montre une étude de l’EPF et de l’Institut Paul Scherrer , les pertes d’emplois prévues dans les branches mentionnées, liées à l’introduction de la taxe incitative sur le CO2, seraient compensées par des créations d’emplois dans de nombreuses autres branches. Suivant le modèle, les gains nets d’emplois se chiffrent entre quelques milliers et 20.000 nouveaux postes de travail que le lobby pétrolier veut nous enlever pour défendre ses propres intérêts. Belle supercherie!